Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’ACATIS, société de gestion indépendante allemande.
Le Brexit nous a toujours inquiétés. On aurait très bien pu profiter de cette sortie de l’UE pour définir un partenariat sensé entre la Grande-Bretagne et l'Europe continentale. Mais l'idéologie y fait obstacle. Pour des raisons de dissuasion, l’UE doit rendre cette sortie rebutante. Les Britanniques sont actuellement dominés par les cris de ralliement.
Le scénario le plus probable est un "No-Deal-Brexit"; à savoir, une sortie de l’UE sans disposition transitoire ou de substitution. Peu importe ce que Theresa May présentera comme résultat de négociations : ce sera mis en pièces en Grande-Bretagne. Elle n'a aucune chance.
Dominic Raab, nouveau ministre "Brexit", a maintenant publié pour les 25 premiers secteurs des directives sur la façon de procéder dans le cas d'un no-deal-Brexit. Son discours public du 23 août, ainsi que son audition devant le parlement le lendemain sont effrayants, pour les raisons suivantes:
- Il n'a su répondre à aucune des questions concrètes posées par les parlementaires. Par exemple, sur les répercussions du Brexit sur l'industrie laitière britannique (90% de la production va à l’UE et seront soumis à l’avenir à 35% de droits de douane) ou sur la question de la future configuration de la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord.
- Nombre de ses réponses s‘appuyaient sur le principe selon lequel l’UE aurait tout intérêt à rester coopérative avec la Grande-Bretagne. Mais comment y parvenir si, par exemple, les établissements financiers britanniques n'ont à l’avenir plus accès au marché européen ou si les médicaments britanniques ne sont plus homologués en Europe ? La bonne volonté ne suffit pas ! Il faut des traités négociés.
Ses propos réconfortants ont finalement généré plus de nervosité que d’apaisement. Les 3,5 millions de citoyens de l’UE ne seraient pas obligés de partir immédiatement. D’accord, mais quelle réglementation sera alors adoptée ?
Pour être en capacité de négocier, il faut avoir une position solide. Or, le gouvernement britannique ne l’a pas. Il est donc fort probable qu’il n’y aura pas de régime transitoire. Une révocation de la décision du Brexit est également improbable.
Ainsi, la Grande-Bretagne navigue vers un isolement dont elle est elle-même responsable. Un parlementaire a chiffré le préjudice causé par le Brexit à 10% du PNB. L’UE y laissera aussi des plumes, mais dans une moindre mesure.
- Les plans abstraits de relocalisation sont en train de se concrétiser et Francfort et Paris en bénéficient.
- Les entreprises japonaises délocalisent leur siège social sur le continent.
- Les agences de notation déménagent.
- De nouvelles routes maritimes se mettent en place entre l'Irlande et Rotterdam.
- Les travailleurs immigrés ne viennent plus sur l'île … les récoltes restent sur les arbres et dans les champs.