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Il ne faut pas trop s’inquiéter de l’optimisme consensuel des marchés.

Par Vincent Guenzi, directeur de la Stratégie chez Cholet Dupont

Comme attendu, les marchés se sont bien comportés au mois de janvier. La normalisation des conditions financières s’est poursuivie. La détente s’est prolongée pour les emprunts d’Etats d’Europe du Sud et les obligations privées à haut rendement. La confiance et les flux d’investissement retrouvés ont alimenté la hausse des actions. Nos premiers objectifs ont été atteints.

Au-delà d’une consolidation passagère, naturelle après plusieurs mois de hausse, il faut garder à l’esprit le potentiel de hausse qui est intact tant que l’environnement économique et politique reste favorable.

Aux Etats-Unis, le Congrès a voté un relèvement du plafond de la dette fédérale pour quatre mois. Les  deux grands partis politiques devraient utiliser ce délai pour trouver un accord sur la réduction du déficit budgétaire sans hypothéquer la croissance. Le 4ème trimestre illustre bien ce risque : la réduction des dépenses publiques a pesé négativement sur l’activité alors que le secteur privé confirmait sa meilleure santé. Ceci conforte nos anticipations d’une reprise qui restera modérée tout en étant de moins en moins fragile.

En Europe, faut-il se méfier de l’eau qui dort ? Le calme des marchés, toujours sous influence positive de la BCE, se nourrit des perspectives de stabilisation globale de l’activité. Or les signaux précurseurs sont contrastés : très positifs en Allemagne, négatifs en France, neutres en Espagne et en Italie. Le soutien de la BCE a redressé le moral des entrepreneurs allemands mais l’impact sur la croissance européenne sera faible. Pour la préserver, les objectifs de réduction des déficits budgétaires seront sans doute repoussés en Espagne et en France, sous réserve de la poursuite des réformes structurelles. Les accords sur la flexibilité de l’emploi ont donné à la France un peu de crédibilité aux yeux des Autorités européennes et des investisseurs internationaux. Il faudrait faire plus si l’activité se dégradait.

A court terme, l’issue des élections italiennes des 24 et 25 février pourrait surprendre les marchés. En effet, le mode de scrutin rend la nouvelle composition du Sénat impossible à prévoir. Or le Sénat vote également les lois et il y a  risque de blocage politique. Par ailleurs, les banques chypriotes, surdimensionnées par rapport au pays, sont en déliquescence. Plus personne n’ignore leur activité off-shore peu recommandable. Leur sauvetage coûterait 10 à 20 Mds€ Ceci est gérable par le Mécanisme Européen de Stabilité, à la condition d’obtenir de Chypre un programme de redressement et une restructuration des banques avec un retour à de meilleurs pratiques. Ceci semble inenvisageable avant les élections présidentielles du 17 et 24 février. Voilà de quoi alimenter la volatilité des marchés.

Dans les pays émergents, si le redressement confirmé de la Chine redonne espoir en Asie, la guerre des changes lancée par le Japon dérange doublement. D’une part, l’appréciation de l’Euro et du dollar US est pénalisante pour les exportateurs de leurs pays. D’autre part, les pays asiatiques eux-mêmes souffriront du regain de compétitivité de l’industrie japonaise. Quant aux nouveaux plans de relance, financés à crédit alors que la dette de l’Etat dépasse déjà 200% du PIB, nous espérons qu’ils produisent des effets plus durables que les précédents.

La progression des marchés actions se fera par étapes, marquées par un intérêt grandissant des investisseurs, ponctuées de consolidation lors des périodes d’incertitudes. Nous surveillerons à cet égard, la hausse des cours des matières premières, celle du dollar, qui pourrait handicaper l’Europe, les signaux de ralentissement conjoncturel en Europe ou la réapparition de risques politiques en Italie ou aux Etats-Unis.

En revanche, les risques systémiques étant mieux encadrés, les corrections devraient être moins violentes et plus courtes qu’en 2011 et en 2012. 

Nous recommandons de profiter de ces phases de correction pour augmenter le poids des actions dans les portefeuilles.

Notre maintenons notre allocation stratégique. Nous surpondérons les actions européennes, d’Amérique Latine et d’Asie qui nous semblent toujours en retard.Les actions américaines restent attractives à moyen terme et nous attendrons une  stabilisation du dollar vers 1,38/1,40 pour les renforcer.Notre répartition sectorielle a légèrement évolué.

Parmi les produits de taux, nous privilégions toujours les obligations à haut rendement, les obligations convertibles, les emprunts des Etats périphériques européens de durée courte. Les taux longs allemands pourraient remonter vers 2%,  entrainant à leur suite les obligations privées (sauf celles à haut rendement). Il sera alors temps d’acheter ou de renforcer ces produits.

 

 

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