L'analyse de Paul Markham, Gérant Actions Internationales chez Newton IM (BNY Mellon IM),
« Cela fait longtemps que les nouvelles méthodes de forage pétrolier, parfois controversées, ont menacé de faire baisser le prix du baril de façon structurelle et permanente. Nous avons aussi vu à maintes reprises que les juridictions instables (qui sont souvent des pays riches en ressources naturelles) ont fait parler d’elles par le biais de distorsions géopolitiques des prix.
Il est incontestable que l’amélioration constante de la technologie, qui s'est traduits par une baisse des coûts de production et donc du seuil de rentabilité, a profité ces dernières années à d'autres moyens de forage, et notamment la fracturation hydraulique (ou fracking en anglais). Toutefois, les préoccupations environnementales, qui ont fait l'objet d'une attention croissante, ont parfois empêché une utilisation plus large de ces méthodes. Les ruptures d'approvisionnement dans certains secteurs, parfois pour des raisons opérationnelles mais plus souvent en raison de machinations politiques, ont joué un rôle dans le maintien des prix à un niveau ferme.
Les prix devraient être soutenus par la production vénézuélienne, qui continue de baisser à mesure que l'infrastructure, déjà en déclin, se détériore davantage. Les sanctions américaines contre de l'Iran ont été répliquées par de nombreuses sociétés européennes, craignant des représailles de la part de l’administration de Trump contre ces entreprises qui refusent de la suivre dans cette voie. Ceci viendra s’ajouter au resserrement de l'ensemble du marché mondial du brut. De plus, des retards spécifiques sur le terrain, dont certains sont importants, signifient que les méthodes traditionnelles de forage pourraient effectivement diminuer au cours des prochaines années.
Bien sûr, certains des plus grands pays de l'OPEP, comme la Russie et l'Arabie Saoudite, pourraient être tentés de redémarrer leurs capacités inutilisées, mais ils pourraient ne pas être disposés à sacrifier l'équilibre durement gagné qui règne actuellement sur le marché. Il semble que les prix actuels du pétrole représentent en quelque sorte un équilibre entre le soulagement économique pour ces pays et le danger d'une hausse des prix trop élevée, qui détruirait la demande. Le maintien de la vigueur du dollar américain pourrait également représenter un vent contraire à la hausse des prix.
Tout compte fait, nous nous attendons à ce que le prix du brut reste dans la fourchette actuelle, avec toutefois une certaine volatilité et malgré d’importants événements géopolitiques, voire une action militaire. »