Par Nick Clay, Gérant Actions Internationales chez Newton - BNY Mellon IM
« Il faut du courage et une volonté de souffrir pour briser une dépendance. Il est clair que 10 ans après l'effondrement de Lehman et la crise financière mondiale qui a suivi, aucune de ces caractéristiques n'était présente. Bien au contraire : nous n'avons rien appris et la dépendance s'est tout simplement intensifiée. La dette mondiale, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, qu'il s'agisse d'itérations gouvernementales, financières, de consommation ou d'entreprise, a augmenté de façon significative depuis la crise financière mondiale.
Au lieu de faire face aux difficultés relatives à la mauvaise allocation du capital qui a conduit à la crise financière, l'assouplissement quantitatif (QE) a simplement perpétué la dépendance à des niveaux plus élevés d' "argent facile", par le biais de taux bas et d'une abondance de liquidités. De plus, le soutien de la dette demeure largement fondé sur la valeur des actifs plutôt que sur la capacité de payer, ce qui présente des similitudes frappantes avec la bulle immobilière qui a précipité la crise financière mondiale. Cette dépendance uniquement à l'égard des valeurs d'actifs à la hausse est sur le point d'être de nouveau mise à l'épreuve, à mesure que le QE se transforme en resserrement quantitatif.
S'il était possible de retirer les 10 années précédentes de relance sans provoquer la prochaine crise, nous pourrions alors savoir si le QE est de facto le nouvel instrument de politique monétaire des banques centrales à utiliser à l'avenir. Si toutefois le resserrement quantitatif expose la nature non durable de cette dépendance, nous nous rendrons compte que nous n'avons rien appris. Nous pensons que c'est le résultat le plus probable. Cette année, nous avons d’ailleurs déjà assisté à un opéra entier de canaris qui commençait à chanter dans la mine de charbon, avec l’implosion des fonds à faible volatilité et les difficultés actuelles de la Turquie. Soit cette dépendance est trop difficile à briser et nous sommes confrontés à un monde où les niveaux d'endettement sont constamment élevés et la croissance faible, soit la phase de retrait est sur le point de s'installer véritablement. Outrepasser cela sera difficile.
De ce fait, nous recherchons à investir dans des sociétés capables de souffrir, plutôt que d’atteindre un pic d’attentes démesurées, et plutôt dans celles qui, selon nous, peuvent générer des dividendes durables capables d'augmenter le rendement global. »