Celui-ci a perdu environ 10% de sa valeur en l'espace de 4 mois après un bon début d'année. Cela soulève 2 questions :
- Est-ce le signe que la Chine souhaite utiliser la politique monétaire pour contrer le ralentissement de son économie ?
- Ou est-ce que Pékin dévalue délibérément sa monnaie pour envoyer un message à Washington ?
La réponse est loin d'être claire
D'une part, l'affaiblissement de certains indicateurs économiques chinois a coïncidé avec les négociations commerciales entre Pékin et Washington.
D’autre part, lorsque l’on compare l'évolution de chacune des deux monnaies face aux autres devises, il n’est pas évident de déterminer laquelle a dominé la tendance.
Le « graphique de la semaine » de DWS montre que même si le yuan a récemment chuté face à l'euro, il n'a surtout fait que (sur)compenser son précédent mouvement d’appréciation. En effet, par rapport au début de l'année, le yuan s'est ainsi déprécié de moins de 2% par rapport à l'euro. Il faut toutefois prendre davantage de recul pour savoir si la Chine affaiblit délibérément sa monnaie ou non. Ainsi, alors que le yuan s'est déprécié face au dollar depuis 2013, il a gagné environ 35% face au billet vert au cours des 10 années précédentes. Toutefois, un coup d’œil sur la parité de pouvoir d’achat montre qu’il ne suffit pas de prendre en compte le taux de change « simple ». En effet, selon les calculs de l’OCDE, un dollar ne devrait pas valoir 6,8 yuans, mais environ la moitié : 3,5 yuans.
Pour autant, notre anticipation selon laquelle le yuan devrait cesser de se dévaluer à moyen terme n’est pas liée à cette question de parité de pouvoir d’achat. Cela est plutôt lié à des enjeux politiques. Stefanie Holtze-Jen, stratège en chef de DWS, explique : « La chute du yuan s’est accélérée à la mi-juin, ce qui nous semble avoir collé au souhait de Pékin. La faiblesse des indicateurs économiques a sans doute constitué une bonne raison à ce mouvement. Nous considérons en revanche comme une coïncidence que la forte dévaluation ait commencé au moment même où les négociations avec Washington se sont dégradées et que des droits de douane punitifs aient été appliqués. Cependant, nous pensons également que Pékin ne souhaite pas de nouvelle dévaluation, celle-ci pouvant être vue par Washington comme une escalade dans le conflit commercial ».