Compte tenu des conditions de marché actuelles, la performance des mandats assurantiels passe davantage par une revue complète et une gestion dynamique du stock d’actifs, que par de nouveaux investissements.
Analyse de Claire Bourgeois, Directrice des investissements ALM (Asset Liability Management) chez Groupama AM.
Si l’environnement conjoncturel demeure globalement favorable, les marchés financiers font désormais face à de nombreuses incertitudes. La croissance économique s’avère un peu moins synchrone et partagée d’une zone géographique à l’autre qu’il y a quelques trimestres. De plus, la recrudescence récente des tensions commerciales internationales et des risques politiques pourrait peser sur les conditions macroéconomiques.
Les investisseurs à la croisée des chemins
La conjonction de ces facteurs, des niveaux de prix atteints par les actifs financiers et de la normalisation des politiques monétaires pose question, quant à l’approche d’investissement et au pilotage du risque à mettre en œuvre au sein des portefeuilles.
« Après un rallye à l’unisson des classes d’actifs au cours des dernières années, il devient aujourd’hui de plus en plus difficile pour les investisseurs, d’identifier des actifs pour lesquelles la performance attendue est positive. Nous le constatons à travers le comportement des différents segments obligataires depuis le début de l’année, pour la plupart en territoire négatif », observe Claire Bourgeois.
« Compte tenu du niveau actuel des primes de risque, continuer à augmenter la part des actifs risqués en portefeuille revient à espérer des gains de performance relativement réduits par rapport aux chocs potentiels auxquels les investisseurs s’exposent », précise-t-elle. Autrement dit, un couple rendement-risque anticipé relativement peu attrayant. Ce constat vaut pour les actifs obligataires dits non-risqués autant que pour les actifs risqués obligataires. Côté actions, la croissance des bénéfices des derniers semestres est quant à elle venue donner un peu d’air aux valorisations : le couple rendement-risque anticipé est plus attractif que celui des actifs obligataires.
« Nettoyage » sélectif des positions en portefeuille
Dans ce contexte et à ce stade, la performance des mandats assurantiels passe davantage par une revue complète et une gestion dynamique du stock d’actifs, que par la recherche de nouveaux investissements. « Il est temps pour les investisseurs de se montrer exigeants et sélectifs à l’égard des actifs qu’ils détiennent en portefeuille. Passer en revue les stocks permet, d’une part, un assainissement des expositions, en se séparant des émetteurs ou valeurs dont les fondamentaux sont en voie de dégradation avec le regain récent d’incertitudes, d’autre part, une réalisation des plus-values après un long mouvement de valorisation », affirme Claire Bourgeois.
Les marchés ayant retrouvé du relief et des niveaux de différentiation en termes de prix des actifs, cette stratégie de révision des stocks passe par une analyse des positions valeur par valeur. Au même titre qu’une démarche d’investissement, l’allègement ou le solde de certaines positions n’est réellement efficace que si elle est réalisée de façon rigoureuse. Des arbitrages visant à rehausser la qualité des mandats tout en monétisant des plus-values latentes, peuvent être parfois réalisés sans dégradation importante du taux de rendement à l’achat. Dans d’autres cas, il faut accepter une perte de revenu à court terme pour sécuriser la position à long terme.
Dans le cadre de ses gestions pour le compte d’investisseurs assurantiels, l’équipe ALM de Groupama AM a, depuis le début de l’année, allégé ses positions sur certains titres obligataires notés BBB.