Après le 1er épisode sur Arcachon, ce 2ème épisode est consacré à la restauration de la ville de Carcassonne. Un récit d’André Yché, Président du directoire de CDC Habitat.
Le contexte : Le début d’une prise de conscience
En septembre 1792, une des premières initiatives de la République, tout juste proclamée, fut de promulguer un décret incitant à la destruction des symboles de l’Ancien Régime. Châteaux, églises sont gravement endommagés voire détruits. Plusieurs d’entre eux, placés sous la responsabilité de l’État, vont changer d’affectation, pour devenir des prisons ou même être transformés en matériaux de construction. D’autres encore tombent entre les mains de la population qui les vandalise, pour effacer toute trace visible de la féodalité et graver jusque dans le paysage la chute de la monarchie. Bien qu’un contre-décret fût voté un mois plus tard assurant la conservation des œuvres d’art menacées, il fallut attendre un an, le 24 octobre 1793 (3 brumaire An II), pour que la Convention promulgue un décret interdisant les démolitions, après un appel à la raison de l’Abbé Grégoire, évêque constitutionnel de Blois.
La notion de patrimoine national venait d’entrer dans les textes avec la création d’une commission royale des Monuments en 1790 à qui était assignée la mission d’inventorier et de conserver toute œuvre porteuse d’identité nationale.
Les soubresauts de la Révolution la mirent en sommeil jusqu’à ce qu’une 1ère étape de recensement soit lancée en 1810 sous la direction d’Alexandre de Laborde. Cette démarche permit de poser les fondations d’un principe de conservation des œuvres nationales, bien qu’elle ne fût guère couronnée d’un succès immédiat. L’apparition du mouvement romantique impulsera un regain d’intérêt pour les œuvres du Moyen Âge qu’on s’évertuera alors à vouloir conserver.
De nombreux auteurs de ce courant, dont Victor Hugo, dénonceront la perte d’une partie de l’histoire de la France par la destruction de ce patrimoine. En octobre 1830, sous l’impulsion de la jeune monarchie de Juillet, ce mouvement protestataire aboutit à la création du poste d’inspecteur général des monuments historiques. Nommé à ce poste en 1834, Prosper Mérimée entreprit un voyage à travers le pays pour déterminer l’étendue des besoins et des urgences.
Carcassonne ou la cité médiévale
C’est dans ce contexte que le chantier de restauration de la Cité de Carcassonne sera lancé. Face à l’urgence de la situation, quelques dirigeants et intellectuels locaux se battent pour la sauvegarde de la forteresse. Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques, inscrivit l’église de Saint-Nazaire-et-Saint-Celse au titre des monuments historiques en 1840. Ce titre fut bientôt étendu à toute la cité.
Le chantier de restauration fut confié à un jeune architecte qui a prouvé son savoir-faire lors d’un précédent chantier : Eugène Viollet-le-Duc. Sous sa direction, l’église de Saint-Nazaire-et-Saint-Celse fut le premier édifice de la cité à être restauré (1844-1860), bientôt suivi par les remparts de la forteresse.
Les travaux de consolidation et de toiture sont réalisés sur les tours. De même, le quartier des Lices, encombré d’un grand nombre de maisons, fut dégagé pour faciliter la circulation sur le chemin de ronde. Les travaux de restauration de la cité se poursuivront après la mort de Viollet-le-Duc en 1879. Ils seront menés par son élève, Paul Boeswillwald, jusqu’en 1910.
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