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[Tribune] Les faits et les connaissances des experts ne comptent plus

Ainsi, les décisions prises en affaires et en politique sont souvent plus mauvaises. Une évolution qui pénalise notre prospérité.


Billet mensuel du Docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande

Citons par exemple les politiques d'asile allemande et européenne. Il est inconcevable qu'un gouvernement puisse entrer dans une crise sans précédent sur un programme de 63 points dont on ne connait pas le contenu. Les faits les plus simples, à savoir une différenciation en fonction des demandeurs d'asile et des réfugiés, le nombre de personnes, les mesures d'intégration, les taux de réussite, les taux de retour, font défaut. Les lois et les accords (la consultation par exemple de Loi fondamentale ou de la Convention de Dublin) sont ignorés. Les succès et les échecs ne sont pas répertoriés. Dans le passé, les sujets sociopolitiques faisaient l'objet de débats publics dont la quintessence était fixée dans un article programmatique écrit par Frank Schirrmacher dans le quotidien allemand FAZ. Aujourd'hui, on « émotionalise » le débat dans les talk-shows et on négocie dans les arrière-boutiques. Au détriment de tous.

Prenons un autre exemple : le Brexit qui a été déclenché par des populistes sur la base d’estimations des coûts-avantages économiques peu sérieuses. Les dommages potentiels pour l'économie de la Grande-Bretagne et de l’Europe continentale sont immenses. Airbus et BMW annoncent dès aujourd'hui la délocalisation de certains sites de production. Tata fait monter la Jaguar E-Pace toute électrique par Magna en Autriche et non pas en Grande-Bretagne. Les prestataires de services financiers britanniques ne pourront plus offrir leurs services sur le continent. En cas de frontière douanière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, il est possible de voir resurgir de vieux conflits politiques et religieux.

Le troisième exemple concerne la politique douanière de Donald Trump, qui viole les accords commerciaux existants. Il y a 200 ans, David Ricardo développait la théorie des avantages comparatifs et du libre-échange. Et depuis plus de 100 ans, nous avons été en mesure de faire la distinction entre la balance commerciale, la balance des services et la balance des mouvements de capitaux, qu'il convient de contempler comme un tout. Le président Trump ne connaît ni ces théories ni les faits (rappelons, pour être juste, que le peuple allemand ne connaît pas non plus ces liens à la lumière de son rejet de l'accord commercial TTIP). Les dommages causés par la guerre douanière sont énormes. Les droits de douane, qui sont utilisés comme des armes, ne coûtent que de l'argent et des emplois, les avantages sont minimes. Trump souhaite toucher les constructeurs automobiles allemands entre autres. Sait-il que BMW exploite sa plus grande usine de production aux États-Unis et exporte 70% de la production américaine ? Donald Trump touche ses propres électeurs. De nouvelles alliances verront le jour. La Chine et l'Europe se rapprocheront, le projet de la Route de la soie en est un exemple.  

Egalement, d’énormes dommages sont causés par l'ignorance des découvertes scientifiques : la négation du réchauffement de la planète, le refus de la vaccination et l’ignorance de la médecine conventionnelle. Sir Richard Roberts, Prix Nobel de médecine, a récemment plaidé avec véhémence en faveur de l'acceptation du génie génétique dans l'agriculture à Lindau en utilisant le slogan « 133 Prix Nobel aiment les aliments génétiquement modifiés ». Il a demandé de manière provocante quand on allait considérer la résistance de Greenpeace au « Riz Doré » génétiquement modifié comme un crime contre l'humanité. Ce qui est une décision de luxe pour l'Occident, c'est la différence entre souffrir et ne pas souffrir de la faim pour 800 millions de personnes. Selon Sir Roberts, Greenpeace a sur la conscience 15 millions d'enfants dont la santé a été affectée ou sont morts. Et il a apporté des exemples du Bangladesh et d'Ouganda, où les aubergines ou bananes génétiquement modifiées donnent aux agriculteurs le moyen de vivre. « We need more science in politics and less politics in science. » Le scepticisme est sain, mais après un débat scientifique approfondi, il devrait être possible d'exiger que les opinions changent.

www.acatis.de

 

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