Les répercussions économiques des guerres commerciales.... Un jeu à somme négative
Par Luca Paolini, Chief Strategist chez Pictet Asset Management
Les effets d’une guerre commerciale à grande échelle s’étendront bien au-delà des États-Unis et de la Chine et font peser la menace de la stagflation sur le monde entier.
Quand le commerce s’enraie, tout le monde y perd. Nos calculs montrent qu’une guerre commerciale à grande échelle entre les États-Unis et la Chine, que nous n’estimons toujours pas probable, pourrait entraîner l’économie mondiale dans la stagflation et causer un fort recul des actions dans le monde.
Notre modèle, qui s’appuie sur les estimations du FMI, montre que le transfert intégral de droits de douane de 10% sur les consommateurs ferait augmenter l’inflation mondiale de 0,7 point de pourcentage, ce qui réduirait les bénéfices des entreprises de 2,5% et ferait chuter le ratio cours-bénéfice des actions mondiales jusqu’à 15%.
Tout cela signifie que les actions mondiales pourraient reculer de quelques 15 à 20%, sous réserve que les rendements obligataires augmentent au même rythme que l’inflation. Cela risque donc de ramener les marchés boursiers mondiaux à leur niveau d’il y a trois ans. Dans une telle situation, les actions des exportateurs chinois et les valeurs cycliques américaines, notamment de secteurs onéreux comme les biens de consommation discrétionnaire, seraient probablement les plus touchées.
Les effets d’une guerre commerciale se feront cependant sentir bien au-delà des deux premières économies de la planète. Dans certaines situations, des économies ouvertes comme celles de Taïwan, de Corée et de Singapour en Asie, mais aussi de Hongrie, de République tchèque et d’Irlande en Europe pourraient être plus exposées que les États-Unis et la Chine.
Le portrait dressé par notre analyse est comparable à ce que les investisseurs ont déjà expérimenté. L’histoire des marchés financiers nous a montré qu'élever des grandes barrières commerciales n’est pas bonne pour les marchés d’actions: le S&P 500 a ainsi perdu 10% au cours du trimestre qui a suivi l’imposition par le président Nixon de droits de douane de 10% à la mi-1971.
Comme l’a fait remarquer Christine Lagarde, la directrice du FMI, les guerres commerciales n’ont pas de vainqueur.