Par Naomi Waistell, Gérante chez Newton IM - BNY Mellon IM
La révolution en cours au sein du marché des véhicules électriques (VE) alimente l’envolée de la demande pour les batteries automobiles de pointe ainsi que les matières premières entrant dans leur fabrication. L’amélioration de l’environnement technologique ainsi que le soutien accru des autorités publiques au sein de nombreux pays développés et émergents constituent un atout majeur pour les fabricants dans les secteurs des véhicules électriques et des batteries d’automobiles.
Les Pays-Bas et la Norvège ont tous deux décidé d’interdire les véhicules diesel et essence d’ici 2025 et ces pays s’inscrivent donc dans une tendance plus générale visant à éradiquer la pollution aérienne et promouvoir le recours aux VE. Les craintes entourant le changement climatique et la dépendance de l’économie aux carburants constituent également de véritables moteurs de changement.
Les perspectives commerciales des VE et des batteries servant à charger ces véhicules sont de plus en plus encourageantes. Le scepticisme initialement réservé par le marché à la capacité des batteries et la portée des véhicules électriques, ainsi que les craintes relatives à la nouveauté de la technologie employée dans ces véhicules se sont clairement dissipés au fil du temps. La pertinence économique des VE ne cesse de s’améliorer, grâce notamment à l’utilisation de batteries plus efficientes et moins chères. Pour réussir sur le marché des VE, un constructeur doit proposer une offre capable de marquer l’imagination des consommateurs et de concurrencer les véhicules à moteur thermique (ou au minimum se positionner au même niveau). À cet égard, il convient de noter que certains des derniers modèles de véhicules électriques se caractérisent par un couple instantané, l’absence de bruit de moteur, leur plus grande fiabilité et sécurité ainsi que des coûts de maintenance réduits.
Ce taux de pénétration des véhicules électriques au niveau mondial a d’ores et déjà dépassé le point d’inflexion généralement retenu pour déterminer le seuil d’adoption par les consommateurs de technologies attrayantes qui se situe à 1%. Ce même taux de pénétration pourrait continuer de croître pour atteindre 10% d’ici 2025. Il est intéressant de noter que les constructeurs automobiles chinois ont fabriqué 680 000 véhicules exclusivement électriques (voitures, bus et camions) rien que sur l’année 2017, soit un volume supérieur au total cumulé du reste du monde.
La seule raison pour laquelle les véhicules électriques n’avaient pas réussi à percer avant tient au fait que la technologie n’était pas encore disponible, mais à présent les avancées sont considérables et la technologie ne cesse d’évoluer. La question du coût est également un vrai sujet et l’un des principaux facteurs freinant les consommateurs dans leur décision d’achat. La situation évolue. Le coût d’une batterie s’élevait à 1000 USD/kwh mais devrait chuter à 100 USD/kwh d’ici 2021.
Ce marché embryonnaire alimente une forte hausse de la demande de matières premières nécessaires à la fabrication des batteries, notamment le lithium et le cobalt, et il est intéressant de rappeler que le marché des véhicules électriques représente environ 45% de leur consommation. Alors que le cobalt reste relativement rare et que sa production pose des questions de sécurité, le lithium est disponible en abondance. Une hausse sans précédent de la demande pour ces deux matières premières fondée essentiellement sur le développement des batteries se fait sentir autour du monde.
Les conséquences pour les investisseurs finaux sont particulièrement intéressantes. En effet, nous observons un certain relâchement de la dépendance du monde émergent aux matières premières. Dans ce contexte, la montée en puissance des VE comme facteurs de disruption entraîne une plus grande diversification de la chaîne d’approvisionnement. Cette tendance génère plusieurs opportunités d’investissement attrayantes dans des matières premières, des composants de batteries, les batteries en elles-mêmes et même certains fabricants d’équipement d’origine au sein des marchés émergents. Nous avons déjà investi dans une série d’actions exposées au marché des VE et, dans l’environnement actuel, nous pensons que les fabricants de batteries et les producteurs de lithium offrent la meilleure valeur. En effet, l’un de nos principaux investissements porte sur un exploitant de mines de lithium au Chili, un pays qui possède environ 35% des réserves mondiales de lithium.
Au-delà des investissements liés directement aux VE et aux batteries, on anticipe également un fort potentiel sur les marchés émergents, dans les secteurs de la santé et de la distribution de produits de consommation, en particulier dans les pays émergents d’Asie tels que l’Inde. Nous sommes convaincus qu’une analyse fondamentale bottom-up permet d’identifier les opportunités d’appréciation du capital. Notre stratégie se caractérise par son positionnement très actif, et nous n’avons pas peur de prendre des paris de haute conviction. Notre sélection de titres reste flexible, hors de la contrainte d’un indice de référence, et cible des valeurs spécifiques. Dans notre sélection de titres, nous privilégions la qualité et cherchons à investir dans des entreprises affichant des bilans et des équipes dirigeantes robustes. Cette approche nous permet de construire un meilleur profil de performance dans la durée, et nous restons résolument engagés dans un processus d’investissement à long terme.
Ces dernières années, les marchés de capitaux se sont fortement élargis et approfondis au sein du monde émergent, pour devenir plus sophistiqués et développés en termes de secteurs et d’entreprises cibles. D’un point de vue géographique, nous pensons que l’Inde continue d’offrir d’excellentes perspectives associées à un très bon potentiel en matière d’investissement, grâce aux réformes structurelles récemment déployées.