Analyse de Miyuki Kashima, Directrice de la gestion actions japonaises chez BNY Mellon Japon, sur les perspectives économiques et financières du Japon.
Le Japon se trouvait dans une situation très inhabituelle : au cours des vingt dernières années, le pays a connu une longue période de contraction du PIB nominal en raison des effets de la déflation. Mais depuis la mise en place du gouvernement d'Abe en 2012, le Japon a recommencé à croître et nous avons connu vingt trimestres consécutifs de croissance nominale en glissement annuel. La politique économique audacieuse du Premier ministre Abe - les « Abenomics » - ont donné des résultats visibles et ont complètement changé les perspectives de croissance du Japon. Ce qui est intéressant dans cette politique d’Abenomics, c'est la décision de fixer un objectif de PIB nominal, cible que les gouvernements tendent à éviter, car ils seront critiqués s'ils ne parviennent pas à atteindre ce but. Toutefois, le gouvernement japonais a presque atteint la moitié de son objectif de 600 000 milliards de yens et le PIB nominal a augmenté de 10,9% depuis 2012. Bien que la croissance des entreprises soit moins forte que l'an dernier, l’économie japonaise est en voie de normalisation.
Alors que la croissance économique était initialement tirée par la politique monétaire et les mesures de relance budgétaire, le secteur privé a pris le relais. Très peu d’observateurs ont remarqué que les bénéfices des entreprises japonaises one rattrapé le plus de terrain à l’échelle mondiale par rapport aux niveaux d'avant-crise : les entreprises investissent à nouveau et engrangent des bénéfices records.
Toutefois, la reprise du Japon ne s'est pas encore reflétée sur les marchés financiers et, détail intéressant, les investisseurs internationaux restent encore très sous-pondérés. Mais les choses pourraient bien changer et, d’après nous, l'allocation des investisseurs internationaux finira par augmenter. Le marché domestique, qui représente plus de 80% du PIB, est de nouveau en croissance et les opportunités d'investissement ont augmenté de manière significative. Les actions japonaises constituent une bonne classe d'actifs pour la diversification, car elles ont une faible corrélation avec les autres marchés tout en bénéficiant des valorisations attrayantes. Les investisseurs européens s’intéressent de nouveau au Japon.
Le plus grand risque est que le Japon renoue avec la déflation. Le scénario de croissance dans lequel nous sommes aujourd’hui serait totalement remis en cause. Cependant, les chances que la déflation se produise sont très faibles. Nous avons vu les salaires commencer à augmenter de façon significative et une fois qu'ils s’orientent à la hausse il est très peu probable qu'une déflation se produise. Bien sûr, il y a un risque si la Banque du Japon décide de resserrer sa politique de manière prématurée, mais la probabilité que cela se produise est également minime. Le deuxième risque est que le gouvernement décide de mettre fin à sa politique expansionniste, mais cela reste très improbable. L'opposition au gouvernement actuel est presque inexistante et, que le premier ministre Abe se présente pour un troisième mandat ou pas, le Parti libéral-démocrate est très susceptible de continuer à faire partie du gouvernement.
Nous gérons un portefeuille équilibré entre les entreprises tournées vers l’export et celles des secteurs positionnés sur le marché intérieur. Sur ce dernier segment, qui est à l’origine de la reprise de l’économie japonaise, les PME nationales peuvent fournir une bonne exposition. On a tendance à croire que l’économie japonaise est très exportatrice mais cela n’est pas le cas. Le ratio à l’export du Japon est inférieur à la moitié du ratio allemand en pourcentage du PIB.