Adoption du rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi
La consommation des ménages se transforme, avec l’essor de nouveaux modes de consommation dits « responsables ». Les consommateurs affichent ainsi une préférence accrue pour des produits plus respectueux de l’environnement, plus sains, plus éthiques, plus socialement responsables, « made in local » ou « made in France ».
Ces tendances vont se poursuivre, voire s’accélérer. Elles contribuent d’ores et déjà à modifier l’offre de produits. Elles ont et auront des effets sur l’emploi. Pourtant, cet impact sur l’emploi n’a jamais été étudié dans son ensemble. Le Conseil en a donc évalué la nature et l’ampleur, en analysant les mécanismes à l’œuvre.
Au total, le Conseil d’orientation pour l’emploi estime que ces nouvelles tendances de consommation peuvent représenter un potentiel de développement de l’emploi, d’une ampleur variable selon les domaines. Le rapport en détaille les effets secteur par secteur (« made in local », nouvelles pratiques d’achat, d’usage et de rejet, produits plus « verts », produits plus éthiques, produits bio) et met en évidence les canaux qui peuvent conduire à ces créations d’emploi. Il souligne par ailleurs l’importance des réallocations sectorielles et géographiques susceptibles d’intervenir, avec des créations d’emploi dans certains secteurs, des transformations ou des destructions dans d’autres.
Une nouvelle étude quantitative réalisée par le Conseil et présentée dans le rapport confirme ce potentiel : elle montre que 150 000 emplois pourraient être créés si les ménages, comme ils en affichent l’intention dans les sondages, privilégiaient le « made in France » pour 10% des produits importés qu’ils achètent aujourd’hui. Ce potentiel est toutefois théorique. Pour qu’il devienne réalité :
- D’une part, l’offre productive française doit être au rendez-vous, à la fois en volume et en compétitivité, pour répondre à ces nouvelles orientations de la demande en France et à l’étranger.
- D’autre part, il importe d’avoir les bonnes compétences au bon endroit. Ces nouveaux modes de consommation se traduiront en effet par des transformations des emplois existants et des réallocations d’emplois entre secteurs économiques : c’est ce qu’on voit par exemple avec les produits « verts », le bio ou les circuits courts.
Réaliser ces 2 conditions est indispensable, souligne Marie-Claire Carrere-Gee, Présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi, « dans tous les pays, l’offre productive, l’emploi et les compétences s’adaptent à cette nouvelle donne qui est une tendance mondiale. Nous devons relever le défi de cette transformation de la demande ».
Par ailleurs, le Conseil considère que la France dispose de sérieux atouts pour cela, et pour s’affirmer dans la compétition internationale. La France jouit ainsi de nombreux savoir-faire agricoles, industriels (grands groupes et PME) et artisanaux de qualité, avec une main d’œuvre qualifiée. Nombre d’entreprises françaises sont déjà positionnées sur des marchés d’avenir. Dans bien des domaines relevant de la consommation responsable, les pouvoirs publics ont manifesté un volontarisme précoce et ambitieux. L’économie sociale et solidaire y est développée. Des labellisations d’origine et de qualité, ainsi que des inspections et organismes chargés du contrôle de la qualité et de la sûreté des produits jouissent d’une bonne crédibilité, française et internationale. Les démarches RSE ont été précoces et importantes, contribuant à faire de l’offre française une offre plus socialement responsable.
Enfin, le Conseil attire l’attention sur l’enjeu de la transformation des emplois : si beaucoup de travailleurs déclarent trouver plus de sens à leur travail dans ces secteurs, et donc un meilleur épanouissement, une meilleure qualité de l’emploi n’est pas forcément inhérente à cette évolution de l’offre productive. Comme l’indique Marie-Claire Carrere-Gee, « la qualité des produits n’est pas nécessairement synonyme de qualité des emplois : c’est un point de vigilance pour les partenaires sociaux et les pouvoirs publics. »
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