Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.
Les voyages sont formateurs et c’est pourquoi les visites d’entreprises ou les conférences représentent pour nous une source d’informations intéressante. La conférence asiatique sur l’investissement de Nomura à Singapour appréhende le monde sous un angle inhabituel pour nous. Les visages "pâles" représentent, à cet événement, une infime minorité. Il saute aux yeux que le XXIe siècle sera le siècle de l’Asie.
Singapour est une métropole du futur - un État multiculturel de 6 millions d’habitants. Tout y est propre, il n’y a pas de graffiti, pas de mendiants, pas de junkies, le métro est à l’heure, les escalators fonctionnent, tout est bien signalé. La numérisation complète de l’administration des citoyens est prévue pour 2023. L’architecture est moderne et audacieuse. Quel contraste avec l’Allemagne, où tout fonctionne d’une manière ou d’une autre, mais rien vraiment bien. Singapour planifie l’avenir, l’Allemagne trainasse dans le passé. Singapour attire les élites. L’Allemagne est attractive pour les personnes dont la deuxième épouse bénéficie également des largesses de l’État social.
Raghuram Rajan, ancien chef de la banque centrale indienne, et Richard Koo, économiste à l’Institut de recherche Nomura, ont clairement indiqué l’existence actuelle d’une lutte de pouvoir entre les États-Unis et la Chine pour la domination politique mondiale. L’imminente rencontre, apparemment anecdotique, entre Donald Trump et Kim Jong-Un (Corée du Nord) à Singapour est une pièce déterminante du puzzle.
La Chine essaie, avec beaucoup de patience et de détermination, d’établir sa domination en Asie. Les recettes et ruses tactiques sont anciennes : vous pouvez les lire dans « L’art de la guerre » de Sun Tsu.
Actuellement, la Chine tente à toute force de faire de Taïwan une partie de la Chine. Les compagnies aériennes internationales sont obligées d’utiliser le nom « Chine » pour désigner Taïwan, des fabricants de T-shirts américains qui représentent la carte de Chine sans Taïwan sont obligés de présenter des excuses publiques, les étudiants taïwanais aux États-Unis sont ignorés par leurs camarades chinois. Parallèlement, la Chine installe des bases militaires sur les barrières de corail en pleine mer.
Donald Trump s’y oppose vigoureusement de sa manière inimitable. En effet, si Trump et le leader nord-coréen Kim Jong-un se réconcilient à Singapour, une cale américaine serait poussée juste devant les frontières chinoises. La féroce lutte de pouvoir entre la Chine et les États-Unis est à peine perceptible en surface et peut facilement donner lieu à des fausses interprétations. Pour autant, l’Europe ne joue aucun rôle dans ce jeu de pouvoir.
L’Europe perd son temps. C’est un gros bloc économique en train de s’effriter sur les plans économique et politique. Il lui manque une vision enthousiaste de l’avenir. Un amateur politique comme Trump éclipse l’Europe et la divise avec une facilité déconcertante. L’Europe n’a pas grand-chose à opposer à la guerre douanière et aux sanctions sur l’Iran. La plupart des innovations technologiques, telles que l’Internet rapide et la téléphonie mobile en 5G, font d’abord leur apparition en Asie. La biotechnologie a été expulsée et c’est en Chine que se développe l’électromobilité.
L’Europe a besoin de dirigeants politiques qui, à l’instar de Singapour, établiront des initiatives d’avenir pour un marché européen moderne, dans un cadre juridique clair et contraignant. Une chose de sûre … on peut également bien vivre en tant qu’élément marginal de la politique mondiale. Il serait toutefois préférable que l’Europe ait un rôle pilote et constructif.
Acatis : Au mois de mai, la société de gestion a franchi la barre des 5 Mds€ d’encours sous gestion ! En 2017, les encours ont progressé de plus d’1 Md€ et c’était la 2ème fois en 5 ans, après 2013. A titre de comparaison, les encours d’ACATIS s’élevaient à 1 Md€ fin 2011.
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