Commentaire d'Andrea Iannelli, Directeur Investissements obligataires chez Fidelity International.
L'Europe périphérique a certainement été politiquement intéressante à observer ces dernières semaines, l'Espagne étant le dernier pays où nous avons connu des bouleversements et des changements politiques. Les derniers rebondissements ont ainsi été marqués par le renversement du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy dans une motion de censure votée ce vendredi par le Parlement. Le leader socialiste Pedro Sanchez, chef de l’opposition, l'a remplacé et est maintenant le nouveau Premier ministre.
En ce qui concerne l'avenir, malgré les changements à la barre, il y a très peu de choses que le nouveau gouvernement espagnol peut réellement faire. Le gouvernement que dirige Pedro Sanchez a maintenant une très faible majorité au Parlement et compte sur l'appui de partis dont les programmes politiques sont très différents. La marge de manœuvre sur le plan fiscal est également limitée, le budget 2018 ayant déjà été ratifié par Rajoy avant son départ. Dans l'état actuel des choses, il est difficile à court terme de voir combien de temps le nouveau gouvernement tiendra, et des élections anticipées semblent probables dans les mois à venir.
Malgré l'incertitude politique, les investisseurs aborderont probablement l'Espagne différemment de l'Italie pour 2 raisons :
- Premièrement, en Espagne, l'Europe bénéficie d'un soutien beaucoup plus important dans l'ensemble du spectre politique et au sein de la population, ce qui devrait empêcher un nouvel épisode anti-Euro dans la presse qui a pesé sur les actifs italiens en mai.
- Deuxièmement, l'Espagne est dans une position plus forte, tant sur le plan économique que sur le plan fiscal. Le pays a mis en œuvre des réformes structurelles, bénéficie d'un niveau de croissance structurellement plus élevé et a un ratio dette/PIB inférieur à celui de ses homologues italiens.
Ces facteurs devraient conduire les titres espagnols à rester bien soutenus et à surperformer les BTP à court terme. Toutefois, les investisseurs ne doivent pas considérer l'Espagne comme totalement à l'abri de la volatilité et des facteurs externes et doivent faire preuve de prudence lors de l'allocation de leur portefeuille.
Comme nous l'avons vu au cours de la dernière semaine de mai, les actifs espagnols peuvent être fortement influencés par le sentiment de risque plus large autour de la dette périphérique. Si la situation italienne s'aggrave à nouveau et que les rendements du BTP augmentent, les titres espagnols devraient suivre, avec des corrélations entre les deux marchés qui resteront élevées dans les mois à venir.