- L’indicateur d’ensemble pour la zone euro atteint 6,8/10. L’Allemagne est en tête avec 8,1/10. Les Pays bas et la Slovénie complètent le podium cette année.
- Portée par la reprise, les réformes doivent accélérer, d’autant que la convergence entre pays de la zone euro notamment aide.
- La France, dernière du classement cette année, paie le prix d’une décennie d’immobilisme. Les réformes en cours devraient porter leurs fruits dès notre classement de l’an prochain.
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Sur le plan économique, la zone euro a le vent en poupe. La croissance devrait atteindre +2,3% cette année, après +2,5% l’an dernier. L’Euro Monitor d’Allianz, qui évalue chaque année la situation des économies de la zone euro à partir de 20 indicateurs confirme ce constat. La note moyenne de la zone euro a progressé de presque 1,2 point depuis 2012 ; elle atteint désormais le niveau confortable de 6,8 points sur une échelle de 1 à 10. Les réformes structurelles mises en place depuis la crise, la réduction des déséquilibres macroéconomiques et, surtout, les mécanismes d’ajustement internes de l’Union Monétaire expliquent cette tendance.
Par rapport à 2016, 15 pays voient leur note s’améliorer en 2017, tandis que seulement 4 perdent du terrain. L'Allemagne demeure en tête de la zone euro en matière de stabilité économique, avec une note générale de 8,1 en 2017 - inchangée par rapport à l’année précédente. Cela est notamment dû à la robuste performance du pays dans les domaines de la viabilité budgétaire et de la dette privée et étrangère. Avec un score de 8 points, les Pays-Bas talonnent l’Allemagne. Avec 5,4 points, la France occupe la dernière place du classement général cette année, juste en dessous de l’Italie et de ses 5,6 points, où déséquilibres économiques se sont accrus. Meilleures performances de l’année : en matière de classement, l’Autriche et l’Irlande sont les pays ayant le plus progressé. Chypre, pour sa part, a réalisé le bond le plus important en termes de note générale, celle-ci passant de 0,8 à 6,2.
Dans la plupart des pays, les indicateurs de déficit et de dette publique se sont améliorés, tout comme le taux de chômage - qui reste à un niveau inquiétant de 9,1% en zone euro en 2017 -, la croissance de l’emploi et la productivité du travail. Toutefois, la réduction du déficit budgétaire structurel, la croissance des exportations comparées à la dynamique du commerce mondial et la réduction de la dette des entreprises ont parfois marqué le pas.
L’indicateur individuel causant la plus grande inquiétude en 2017 a encore été le taux de chômage à 9,1% en 2017. Avec 4 points, la note moyenne de la zone euro n’est pas sortie de la zone critique, malgré des améliorations notables au cours des dernières années.
Moins d’allant pour les réformes, plus de convergence au sein de la zone euro
La méthodologie de l’Euro Monitor distingue les niveaux des indicateurs de leurs progrès. Il apparait que la progression de l’indicateur de niveau a représenté l'essentiel de l’amélioration de l’indicateur d’ensemble en 2017, tandis que l’indicateur de progrès a stagné. La France, l’Italie et la Belgique, sont à la traîne de notre classement pour ces raisons. L’Allemagne et le Luxembourg ont récemment fait preuve d’une faible ambition réformatrice.
« Plusieurs éléments montrent que la zone euro est mieux armée face aux crises et plus stable qu’en 2007. Cela dit, les réformes n’ont que peu progressé depuis 2015. La reprise économique, le recul du sentiment de crise, et la politique monétaire expansionniste de la BCE donnent l’impression d’une chaude lumière. Or c’est maintenant qu’il faut accélérer les réformes pour éviter d'être mal engagé lors du prochain retournement de cycle.», a déclaré Ludovic Subran, Directeur de la Recherche Macroéconomique du groupe Allianz.
Après les années de crise, le rapprochement économique des membres de la zone euro s’est à nouveau clairement intensifié. Si l’évolution des indicateurs individuels n’a pas été uniforme, la divergence entre les économies nationales s’avère, selon nos calculs, plus faible qu’avant la crise. Malgré les multiples crises et critiques, l’euro fonctionne et fonctionnera probablement encore mieux à l’avenir. Les déséquilibres subsistants, tels que l’important fardeau de dette publique et les taux de chômage élevés de nombreux membres de la zone euro, indiquent toutefois que le processus d'ajustement n’est pas achevé.
La France à la traîne jusqu’à maintenant
La France fait du surplace. Sa note générale demeure inchangée à 5,4 par rapport à l’année dernière. Cela est dû en grande partie à la performance des exportations dans un contexte pourtant porteur. De plus, la dette des entreprises est de plus en plus inquiétante : elle s’établit à plus de 130% du PIB, dans une tendance haussière durable, contraignant la Banque de France à proposer des mesures macro prudentielles pour durcir le plafonnement des crédits aux entreprises. Les coûts unitaires du travail enregistrent cependant une bonne performance, tandis que la situation du marché de l’emploi français poursuit son amélioration. Malgré une situation difficile du chômage et de l’emploi, ces taux évoluent dans la bonne direction.
« La France a pris le train des réformes sur le tard ce qui explique sa dernière place dans le classement Euro Monitor cette année. Cependant les premières réformes du nouvel exécutif, ainsi que les nombreux chantiers ouverts devraient porter leurs fruits et permettre à la France de rattraper sa décennie perdue », conclut Ludovic Subran.
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