Au milieu des années 1970 le mètre cube de chêne se vendait l’équivalent de 400€ - conversion en euros constants. Aujourd’hui le marché indique un prix moyen de 147€. L’aval de la filière bois s’alarme de la hausse des prix et accuse les forestiers de favoriser la concurrence étrangère - chinoise...
Pierre Aussedat, Expert en biens ruraux, Membre de la Chambre des Experts Immobiliers de France, apporte un éclairage appuyé sur des expériences de terrain.
La forêt privée n’est pas responsable des difficultés des industries de 1ère transformation
Ce ne sont pas les propriétaires forestiers qui fixent le prix du bois. Ils sont soumis au marché et c’est la pression de la demande qui génère une hausse des prix. La demande sur le chêne est croissante et c’est plutôt une bonne nouvelle pour l’ensemble de la filière car cela signifie société consomme du bois ! Mais encore faut-il que nos industries en France soient compétitives et équipées pour créer de la valeur ajoutée à partir de cette matière première. Les industriels demandent aux forestiers de s’adapter en permanence, faire des petits bois en résineux, mobiliser plus de chênes, arrêter l’export. Devons-nous rappeler que nos cycles de production sont très longs plus de 150 ans pour le chêne ? Ne serait-il pas plus logique que l’industriel s’adapte à la ressource disponible ?
Un manque d’adéquation offre / demande plus que de la concurrence déloyale
La concurrence chinoise participe probablement à la hausse des prix. Précisons ici un peu les choses : le chêne exporté vers la Chine correspond aux bois de plus faible qualité car les scieurs français ne souhaitent pas les transformer. Les bois de meilleure qualité restent majoritairement en France, mais pour parvenir à ce stade de maturité il faut des décennies et de nombreux travaux d’éclaircies, qui génèrent le fameux bois de moins bonne qualité, boudés par le marché français.
Le traumatisme de la tempête de 1999 encore présent
Le prix du bois a considérablement chuté avec la tempête de 1999 dont les dégâts restent encore très présents dans les esprits. « Tous les arbres étaient tombés par terre, il suffisait de se pencher pour les ramasser. A cette époque nous n’avons pas observé beaucoup de solidarité de la part des acheteurs de bois qui ont largement profité de cet afflux de matière sur le marché », regrette Pierre Aussedat. Les prix observés sur le marché aujourd’hui correspondent à une sortie de crise qui a duré plus de 10 ans. Il est donc naturel et de bon augure que les prix retrouvent leur stabilité pour assurer un revenu au producteur, vital pour assurer le renouvellement des forêts.
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