Lettre mensuelle d’Ecofi Investissement
Le mois de janvier s’est achevé sur une note négative au niveau des marchés financiers, alors que les fondamentaux micro et macroéconomiques sont restés solides. Les investisseurs craignent désormais que la vigueur de la croissance mondiale se traduise par un renforcement des pressions inflationnistes. Ceci obligerait les banques centrales à mettre fin prématurément à leurs politiques monétaires ultra-accommandantes, qui deviennent de moins en moins faciles à justifier.
Stimulée par les effets de la relance fiscale aux États-Unis et par la dynamique des échanges commerciaux, la croissance mondiale a le vent en poupe. Le FMI s’attend désormais à ce que son rythme de progression s’établisse à 3,9% en 2018 et en 2019. En tête de gondole, l’économie américaine étonne par sa capacité à supplanter les problèmes politiques (“shutdown”) et climatiques. La vigueur de l’activité a permis la création de 200 000 postes supplémentaires. A 4,1% de la population active, le taux de chômage reste sur un plus bas de 17 ans.
Mais le principal enseignement du Rapport d’emploi de janvier a été l’accélération de la progression des salaires horaires à +0,3% en janvier après déjà une hausse de 0,4% en décembre, soit +2,9% sur une année. Ceci laisse craindre une remontée des pressions inflationnistes, d’où une flambée des rendements obligataires des deux côtés de l’Atlantique.
Simple correction ou début d’une tendance haussière des taux ? S’il est encore trop tôt pour le dire, un sentiment de défiance semble s’être installé. En effet, après un 19ème trimestre consécutif de croissance positive en zone Euro, un nombre de plus en plus important d’investisseurs s’attendent désormais à ce que la BCE interrompe plus rapidement que prévu sa stimulation monétaire. Il faut dire qu’en zone Euro, grâce à une contribution essentielle de la demande interne, un cercle vertueux semble prendre place.
Tout irait bien dans le meilleur des mondes si l’euro n’avait pas poursuivi sa tendance haussière initiée depuis fin 2016. Cette vigueur de l’euro, déjà en hausse de 3,4% en 2018 contre le dollar, devrait peser sur l’activité européenne si elle venait à perdurer. Il n’est pas impossible qu’elle engendre une hétérogénéité dans le rythme de progression des économies de la zone.
En attendant, le PIB a affiché un gain de 0,6% au 4ème trimestre. Cela porte à 2,4% la performance de la zone Euro en 2017, soit un dixième de plus que la croissance des Etats-Unis, une première depuis 2008.
Les perspectives
1/ Actions
Dans ce contexte de stabilisation du dollar et de hausse des taux maîtrisée, nous restons positifs sur les marchés actions, dont le rendement des dividendes reste très attrayant. Nous préférons les marchés européens au marché américain qui reste relativement cher et affiche une forte prime de valorisation. Nous restons positifs sur le marché japonais car la croissance reste forte. La Banque centrale du Japon est toujours à la manœuvre en termes de politique monétaire et de soutien du marché actions.
2/ Obligations
Au vu d’un contexte économique bien orienté et du risque de hausse de l’inflation, la Fed devrait remonter le taux Fed Fund à deux reprises tout en réduisant progressivement son bilan. Toutefois, au vu de la hausse des taux à long terme déjà opérée, ceux-ci n’augmenteront que légèrement d’ici juillet 2018. Dans la zone Euro, alors que les chiffres de croissance continuent de surprendre positivement, et au vu des moindres achats de de la BCE, les taux longs allemands remonteraient aussi légèrement. La convergence des taux des pays périphériques vers les pays « cœur » devrait s’essouffler.
3/ Devises contre euro
Les bonnes surprises économiques dans la zone Euro et une politique monétaire légèrement moins accommodante de la BCE devraient maintenir l’euro sur de hauts niveaux contre le dollar US, le yen et la livre sterling.