Les petites entreprises européennes ont clôturé l’année 2017 sur une forte performance, avec un gain de 19,03% pour l’indice MSCI Europe Small Cap, qui se compare ainsi favorablement au MSCI Europe à 10,24%. Les petites capitalisations se caractérisent par une bonne tenue sur plusieurs années depuis la fin de la crise financière, ainsi que par un historique de performances relatives solides sur le long terme.
Quels sont les principaux facteurs ayant contribué à cette tendance positive et peut-on s’attendre, en 2018, à une poursuite de la surperformance observée en 2017 ?
Le point avec Charlie Anniss, Gérant actions small et mid caps européennes à l’Union Bancaire Privée (UBP)
Les avantages des petites entreprises au sein d'un portefeuille diversifié sont souvent négligés par les investisseurs. Ainsi, même si ces sociétés peuvent être sujettes, sur le court terme, à une volatilité légèrement supérieure, les investisseurs de long terme dans un portefeuille diversifié sont récompensés par des performances ajustées au risque positives. L’univers des petites capitalisations se caractérise par une exposition accrue à des secteurs plus jeunes, innovants et à plus forte croissance. De par leur petite taille, ces entreprises peuvent plus facilement générer de meilleurs taux de croissance en termes de chiffre d’affaires, de bénéfices et de cash-flow, et ce grâce à leur structure souvent resserrée et plus flexible. En outre, lorsque ces sociétés grandissent et deviennent mieux connues du marché, elles attirent davantage l'attention des investisseurs et sont ainsi en mesure d’améliorer leur liquidité, ce qui contribue à réduire la prime de risque de liquidité. Ces divers facteurs peuvent donc former une puissante combinaison d’atouts.
Par ailleurs, le marché des petites capitalisations est relativement inefficient, et peu couvert par les analystes. En conséquence, le flux d’informations est moins dynamique et les niveaux d'inefficience sont plus élevés, ce qui permet aux investisseurs de bénéficier d’anomalies de prix. Avec l’entrée en vigueur de MiFID II, qui suscite des remous sur la rémunération de la recherche fournie par les analystes, il est peu probable que la couverture des petites capitalisations s’améliore à moyen terme. Ce marché devrait donc rester un terrain fertile pour les investisseurs actifs en quête d’opportunités de croissance attrayantes en 2018 et au-delà.
Si 2016 avait été marquée par une légère surperformance des grandes entreprises, l’année 2017 s’est, elle, révélée intéressante pour les petites entreprises. Les nombreuses inquiétudes politiques auxquelles le marché européen a été confronté début 2017 (notamment en France et aux Pays-Bas) se sont rapidement apaisées sur les six premiers mois, puis une reprise macroéconomique plus synchronisée s’est mise en place. Les prévisions de PIB ont été révisées à la hausse dans de nombreux pays européens, et les indices de conjoncture, tels que le PMI, ont reflété la dynamique soutenue de l’activité économique à l'approche de 2018. Il s’agit là d’un bon point pour les petites entreprises, qui sont davantage présentes dans les segments cycliques: industrie, ingénierie, services aux entreprises et technologie de l’information (IT). Elles sont aussi un peu plus exposées au marché domestique européen que les grandes capitalisations, ce qui a joué en leur faveur lors de la baisse du dollar US en 2017.
En ce début 2018, la plupart des facteurs sous-jacents de 2017 restent intacts. Les récents PMI manufacturiers et des services en Europe demeurent robustes, avec une solide orientation des économies - au centre comme à la périphérie. Cette tendance est de bon augure pour les petites entreprises, qui étaient corrélées avec les PMI par le passé. Les prévisions de marché indiquent une croissance bénéficiaire autour de 15% pour les petites sociétés. Quant à leurs valorisations, elles restent globalement en ligne avec celles des grandes capitalisations sur une base équipondérée. A l’heure actuelle, les entreprises françaises sont particulièrement intéressantes : le climat des affaires s’améliore, la réforme du code du travail porte ses premiers fruits et la réforme fiscale devrait également leur être bénéfique. Les entreprises irlandaises continuent à profiter largement de l'embellie macroéconomique à la suite des réformes introduites par le gouvernement après la crise financière. Enfin, au plan sectoriel, l’industrie, les services aux entreprises et l’IT devraient rester bien placés pour bénéficier du contexte macroéconomique favorable en Europe.