Par Eleanor Taylor Jolidon et Martin Moeller, Gérants Actions suisses et globales, Union Bancaire Privée
Contrairement à la plupart des marchés, la bonne santé des petites et moyennes capitalisations (SMID) suisses (SPI Extra) est davantage le reflet de l’économie globale que de l’activité domestique, avec plus de 90% des revenus des sociétés générés à l’étranger, dont plus de 30% dans les pays émergents.
Ce segment comprend une grande proportion d’entreprises industrielles cotées et il est donc logique que la synchronisation actuelle de la croissance mondiale bénéficie aux SMID suisses. Vu leur leadership dans des technologies de niche (souvent critiques), elles devraient tirer parti de l’amélioration de la demande dans leurs principaux marchés finaux, tels que la Chine. A l’heure où la demande évolue, passant de la construction d’infrastructures de base - plus favorable au secteur des matériaux, sous-représenté en Suisse - vers des industries à plus forte valeur ajoutée, cette tendance commence à apparaître dans les anticipations et les entrées de commandes des SMID suisses. Rappelons ainsi l’initiative chinoise visant à soutenir une société domestique de semi-conducteurs; on a alors pu observer la construction d’usines et aussi de réseaux routiers tout autour. Nous prévoyons à court terme une hausse des commandes de machines, au profit des fournisseurs au sein de ce secteur comme VAT Group, Comet ou Inficon.
De la même façon, l’amélioration de la demande des consommateurs dans les marchés émergents est particulièrement propice aux SMID suisses. L’aspiration croissante à des produits plus sûrs, notamment dans l’alimentation et l’industrie pharmaceutique, offre de solides opportunités pour les activités de distribution de la société DKSH, mais aussi pour des entreprises spécialisées dans ce domaine telles que Hochdorf, qui s’attend à une accélération des ventes de son lait en poudre haut de gamme pour nourrissons sur le marché chinois.
Les SMID suisses ont prouvé à maintes reprises leur capacité à s’adapter à la relocalisation industrielle. Le secteur textile helvétique, par exemple, ne se situe plus sur les rives du Rhin. Les sociétés suisses spécialisées dans les machines textiles sont ainsi des leaders à l’international et figurent en première ligne pour profiter de cette industrie qui est en voie de reprise en Chine et en Turquie. Oerlikon a récemment annoncé deux prises de commande significatives en provenance de Chine, et offre donc un bel exemple de société suisse considérée comme une entreprise domestique dans d’autres marchés, du fait de son haut niveau d’intégration et de sa capacité à s’adapter aux conditions locales. Rieter, autre leader des machines textiles, a indiqué une nette reprise de ses activités en Turquie, où les conditions de crédit sont désormais plus souples.
Ces exemples témoignent de la forte diversification des SMID suisses, qui participent pleinement aux opportunités de croissance mondiales. Nous avons tendance à être surexposés à cette catégorie de sociétés, et proposons également un fonds qui investit uniquement dans les SMID suisses. Nos fonds en actions suisses et globales visent à investir dans les sociétés qui génèrent des niveaux de CFROI (rendement du capital investi) en progression, et c’est précisément ce que nous observons actuellement au sein des SMID suisses. Elles ont mis plus de temps à émerger de la crise financière, en raison de la perception selon laquelle elles pourraient souffrir de l’appréciation du franc suisse. Or, en réalité, elles se sont montrées plus innovantes et plus rapides que certaines de leurs homologues à plus forte capitalisation pour remédier à la situation. Le rattrapage de performance observé ces 18 derniers mois, et qui a conduit les SMID à regagner leur prime de valorisation par rapport aux grandes capitalisations, reflète une amélioration des CFROI, à l’inverse des sociétés de taille supérieure. Cette amélioration peut aussi être en partie attribuée à la hausse des bénéfices liée à la croissance mondiale synchronisée et à une exposition accrue aux marchés émergents en particulier.
L’amélioration de la demande globale commence tout juste à se faire ressentir depuis la crise financière, surtout en Europe et dans les pays émergents. Même s’il peut sembler ambitieux de s’attendre pour 2018 à des performances de marché similaires au niveau exceptionnel de 27% atteint en 2017 par les SMID suisses, il paraît toutefois réaliste de tabler sur une croissance des bénéfices de 10-15%, avec en outre un rendement du dividende d’environ 2,5%, conduisant à une performance potentielle de 15/20% pour le SPI Extra.