Par Nadège Dufossé, Responsable de l'allocation d'actifs chez Candriam
D'ici la fin du 1er trimestre, les Italiens se seront rendus aux urnes au moment des élections générales, et un nouveau gouvernement pourrait être en place en Allemagne. Une grande coalition («GroKo ») en Allemagne devrait être une bonne nouvelle pour la zone euro et tous ses pays membres, mais plusieurs obstacles subsistent toutefois.
Une telle issue mettrait fin à la phase d'incertitude politique qui a paralysé l'agenda des réformes européennes depuis plusieurs trimestres déjà et pourrait ouvrir de nouvelles perspectives. Dans un contexte de croissance économique plus soutenue et avec l’aide d’une banque centrale encore accommodante, il existe actuellement une fenêtre d'opportunité pour renforcer la zone euro.
Le Conseil Européen des 22 et 23 mars pourrait bien marquer en ce sens le point de départ d'une politique plus ambitieuse
L'Allemagne, qui est la plus grande économie de l'Union et le premier contributeur au budget de l'UE, détient la clé pour débloquer le processus de réformes, qui est aujourd’hui au point mort. Le projet d'accord de coalition entre les plus grands partis allemands indique que l'Allemagne ne serait plus un obstacle à une plus grande intégration économique et fiscale. Etonnamment, ce projet accorde une importance primordiale aux questions européennes, ce qui est assez étonnant. Ce document appelle à prendre des mesures en faveur d’un renforcement de la zone euro (y compris une proposition destinée à transformer le mécanisme européen de stabilité, ou ESM, pour gérer toute nouvelle crise, en un Fonds Monétaire Européen conforme au droit européen), tout en améliorant la coordination économique et la gestion du budget. Un financement supplémentaire de la part de l’Allemagne est même envisagé pour améliorer les capacités de l'UE. Pour résumer, l'Allemagne se montrerait enfin favorable au processus de réforme de la zone euro. Le SPD est moteur dans la rédaction d’un accord de coalition qui serait plus favorable pour la zone Euro.
En Italie, les élections pourraient certes représenter une source de volatilité à court-terme pour les marchés. Mais la robustesse cyclique de l’économie italienne contrebalance actuellement ses faiblesses structurelles. En effet, la reprise italienne semble auto-entretenue comme le montre la forte amélioration des indicateurs économiques avancés - le PMI composite s’établit notamment à 56,5 - et le sentiment des consommateurs, qui frôle des records. A moyen-terme, la baisse du taux d'intérêt moyen payé sur la dette et l’amélioration du taux de croissance nominal rend le poids de la dette italienne plus soutenable. Le FMI prévoit notamment que le ratio de la dette italienne atteindra 120% en 2022, contre 133% en 2017. L'incertitude électorale ne devrait pas faire dérailler la reprise en cours. Grâce à une nouvelle loi électorale, un gouvernement composé de partis populistes est peu probable. Un parlement sans majorité - l'issue la plus probable - ne représenterait pas en soi une menace pour la zone euro, car une grande coalition pourrait ensuite, en Italie également, gérer la situation.