Commentaires de Franck Dixmier, Directeur des gestions obligataires d’AllianzGI, en amont de la réunion du Conseil de politique monétaire de la BCE le 25 janvier prochain.
Pour la première réunion de son Comité de politique monétaire de l’année, programmée le 25 janvier, la BCE est attendue sur deux points : un éventuel changement de sa forward guidance et l’annonce de la fin de son programme d’achat.
Au cours de ces dernières semaines, la pression s’est accentuée de la part des membres les plus hawkish du Board - notamment Jens Weidmann, Président de la Bundesbank, et Benoit Coeuré - qui plaident pour une annonce claire concernant la fin du programme d’achat. Par ailleurs, selon les minutes du dernier Conseil publiées le 11 janvier, la majorité de ses membres serait favorable à un changement de mode de communication dès ce début d’année, point important lié à l’ancrage puissant des anticipations d’un maintien des taux à des niveaux durablement bas de la part des investisseurs.
Jusqu’à présent, la BCE a justifié la poursuite de son programme d’achat par des anticipations d’inflation demeurant en deçà de son objectif de moyen terme. Or, alors que la croissance économique dans la zone euro est soutenue, homogène et pérenne, les anticipations d’inflation semblent se maintenir en deçà de l’objectif-cible de 2%. Dans ce contexte, un discours maintenant le lien entre inflation et poursuite du QE serait de nature à conforter l’ancrage des anticipations de taux durablement bas et ferait courir, à terme, un risque pour la stabilité financière.
Si la modification de sa forward guidance n’est pas une urgence absolue pour Mario Draghi, cette position deviendra toutefois de plus en plus difficile à tenir. Dans ce contexte, pour l’immédiat, la BCE devrait réaffirmer que la séquence de normalisation monétaire verra dans un premier temps la fin du QE et, dans un second temps, une hausse de ses taux directeurs. Celle-ci ne devrait pas intervenir avant 2019, selon nous. L’extrême sensibilité des marchés de taux à la normalisation des politiques monétaires s’est récemment illustrée par la hausse des rendements long terme aux Etats-Unis et la poussée de fièvre qui a suivi l’annonce d’une légère réduction des achats de la Banque du Japon. Il est par conséquent nécessaire de préparer très graduellement les marchés, ce qui milite pour une clarification progressive de la communication de la BCE au cours de ce premier trimestre.
Dans cet environnement, sur un plan plus global, c’est la perspective d’une divergence accrue des politiques monétaires entre l’Europe et les Etats-Unis qui se dessine pour 2018, avec d’un côté une BCE qui ne devrait pas augmenter ses taux avant 2019 et, de l’autre, une Réserve Fédérale dont nous anticipons 3 à 4 hausses de taux cette année, alors que les marchés n’en attendent pas plus de deux.