Par Gérard Moulin, gérant pôle actions européennes d’Amplegest.
Thales vient de frapper un grand coup. Déjà présent dans des métiers en devenir (l’aéronautique, l’espace, le transport, la défense, ou encore la sécurité), le groupe français va compléter ses savoir-faire grâce à l’acquisition de Gemalto. Cette stratégie va placer Thales dans un rapport de force encore plus favorable avec ses clients lors des négociations de contrat. Le groupe peut enclencher une nouvelle accélération de sa profitabilité lors des prochaines publications.
En effet, l’intégration de Gemalto va permettre de compléter la sécurisation des données et de créer un nouveau standard, selon les mots de Patrice Caine, le patron de Thales. Ce point est capital car créer un standard c’est augmenter son « Pricing Power ». Gemalto apportera beaucoup au sein de la nouvelle « business unit » qui sera créée à l’occasion. Gemalto occupe des positions leaders dans les domaines du traitement des données sécurisées et de la connectivité mais aussi dans la gestion des réseaux et des portails.
En outre, Thales travaille déjà avec les 19 plus grandes banques mondiales afin de sécuriser leurs données et dispose de 80% de part de marché mondiale pour la sécurisation des données bancaires. On peut ainsi aisément imaginer la force de frappe en matière de proposition de solutions globales et l’efficacité commerciale du nouveau groupe. De même, l’intelligence artificielle permettra par exemple de gérer l’arrivée massive des drones qui opèrent dans les zones aéroportuaires alors que ce problème n’est pas résolu aujourd’hui par le contrôle aérien. Autre exemple, l’IA permettra d’ajouter une étape de détection des fraudes liées aux achats sur internet en traquant les caractéristiques comportementales des clients et détecter d’éventuelles différences de comportement, signe d’une utilisation frauduleuse…
Des synergies telles que celles qui seront issues du mariage de la branche « gouvernement » de Gemalto et de la branche sécurité de Thales pourront également agréablement surprendre. En effet, le taux de croissance de cette division n’est pas aujourd’hui à la hauteur du potentiel que recèle l’analyse biométrique des papiers d’identité tels que les passeports. Thales, grâce à ses nombreux contacts gouvernementaux, pourra sans doute booster ce business. La croissance actuelle de cette division, autour de 5%, pourrait être bien plus importante.
En résumé : un dividende qui sera en hausse autour de 20%, un titre qui a sous-performé de 18% le CAC 40 avant l’opération, la création d’un nouveau standard dans le domaine de la sécurité numérique, des ratios de valorisation inférieurs à ceux de son secteur, sont autant de facteurs positifs qui nous incitent à renforcer le dossier.