« A l’heure où les stratèges publient leurs « bilans et perspectives », un certain optimisme semble régner pour 2018 », remarque Bernard Aybran Directeur de la multigestion chez Invesco AM
Encore un mois. Un mois pour venir parachever une année qui s’est avérée plutôt fructueuse pour les investisseurs en zone euro comme pour les investisseurs européens. A l’heure où les stratèges publient leurs « bilans et perspectives », un certain optimisme semble régner pour 2018. Prolonger les tendances récentes est un réflexe qui semble avoir la vie dure, en la matière.
Tout d’abord, sur les marchés actions, tout concourt à une poursuite de la hausse : une croissance économique persistante et non inflationniste, des bénéfices bien orientés et des flux de capitaux au rendez-vous. Sur les marchés obligataires, le consensus a annoncé une hausse des taux longs depuis des années. Cette prédiction à répétition semble se faire plus discrète à l’approche de 2018 : c’est qu’il est difficile de se dresser contre une tendance haussière en place depuis des décennies. Sans se positionner sur des stratégies particulièrement complexes ou exotiques, le simple investissement en emprunts d’Etat de la zone euro, ou des Etats-Unis, a pu rapporter près de 5% par an depuis le début du siècle. Même si ce rythme d’appréciation s’est ralenti ces dernières années, la progression se poursuit : +2,4% par an pour la zone euro et +1,5% pour les Etats-Unis. Quant au supplément de rendement exigé pour les émetteurs dits « spéculatifs » (ou high yield), il se situe à son plus bas historique en Europe, à tel point que le rendement du high yield européen est inférieur au rendement des emprunts d’Etat américain, ce qui reflète de manière inédite les échelles de risque perçues par les marchés. Si cette situation n’appelle pas nécessairement de correction majeure, elle peut inciter les investisseurs à s’interroger sur l’allocation optimale de leur budget de risque.
S’il est un secteur qui n’a pas participé à l’excellente année des actifs risqués, il s’agit de l’énergie. Avec une sous-performance de 20% par rapport au MSCI World, le secteur a plus qu’effacé son rebond de 2016. Et même la récente remontée du pétrole, en hausse de 20% sur les trois derniers mois, n’a été qu’un timide support pour les actions énergie, qui n’ont capturé que la moitié de la hausse. Beaucoup de questions se posent à moyen ou long terme, entre autres quant à la soutenabilité des dividendes des grandes sociétés intégrées, ou à l’équilibre précaire entre fracturation hydraulique et production conventionnelle afin que l’offre globale reste raisonnable. Il semble toutefois que le secteur offre une opportunité tactique intéressante. Tout d’abord, si le rebond du pétrole n’a jusqu’à présent que peu bénéficié au prix des actions, il aura un effet très positif sur les résultats des sociétés dans les trimestres à venir. Le secteur connaît d’ailleurs, au mois de novembre, l’un des meilleurs ratios de révision des bénéfices, ce qui lui donne un important soutien fondamental. Deuxièmement, la croissance économique mondiale continue à surprendre positivement. A tel point que pour la première fois depuis mars 2014, les chiffres d’offre et de demande mondiale publiés par l’Agence Internationale de l’Energie (au 30 juin 2017) montrent un déficit d’offre par rapport à la demande, qui devrait contribuer à réduire les stocks accumulés et pourrait soutenir les prix dans les trimestres à venir.
Quelques changements ont été implémentés courant novembre dans les stratégies multi-gérants Invesco, dans un environnement toujours favorable aux actifs les plus sensibles au cycle économique.
Sur la partie actions, un positionnement pro-cyclique est maintenu, avec une préférence pour les actions européennes et japonaises. D’un point de vue sectoriel, l’exposition au secteur de l’énergie a été accrue. La technologie et le secteur de la santé permettent une diversification vers des secteurs en croissance séculaire.
Sur la partie obligataire, la duration a été maintenue sur des niveaux faibles : la volatilité des obligations approche de niveaux historiquement bas sur une classe d’actifs qui offre un rendement faible compte tenu du risque de taux. Un positionnement défensif est également maintenu sur le crédit, le budget de risque étant plutôt alloué à la partie actions et seuls quelques pays émergents offrent un rendement suffisant pour justifier le risque pris.
Sur la partie devises, l’exposition au dollar américain a été réduite tactiquement : si des facteurs de soutien significatifs demeurent à moyen terme, la tendance à plus court terme semble désormais favorable à l’euro, malgré l’absence de réelle justification fondamentale, notamment sur les différentiels de taux d’intérêt.