Par Jean-Philippe Hervieu, Gérant actions et obligations convertibles chez BFT IM
Les obligations convertibles restent injustement mal connues des investisseurs alors que leurs caractéristiques financières sont particulièrement intéressantes dans le contexte actuel. Avec des encours avoisinant 120 à 130 Mds$ sur le Vieux Continent, les obligations convertibles représentent une classe d’actifs dynamique qui se développe aussi bien en quantité qu’en qualité.
Comment fonctionne une obligation convertible ?
Lorsque l’on parle d’obligations convertibles, quelques rappels s’imposent. Les obligations convertibles représentent des produits hybrides à mi-chemin des obligations et des actions. Techniquement, il s’agit d’une obligation classique associée à une option d’achat (un « call ») qui donne à l’investisseur le droit d’être remboursé en actions à l’échéance du produit.
Par exemple, une entreprise peut émettre une obligation convertible à un prix de 100€ et donner la possibilité au souscripteur d’être remboursé sous la forme de 10 actions. Si le prix de l’action est inférieur à 10€ à l’échéance, l’option de conversion ne sera pas activée et l’investisseur sera remboursé 100. En revanche, si le prix de l’action est supérieur à 10€, la conversion en actions aura lieu et l’investisseur sera remboursé pour un montant dont la valeur sera supérieure à 100€.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
Du fait de ces caractéristiques, la valeur d’une obligation convertible évolue sur le marché tout au long de sa durée de vie en tenant compte à la fois des caractéristiques des marchés actions (la valeur de l’option d’achat augmente avec la hausse de l’action sous-jacente ou de sa volatilité) et des marchés obligataires (la valeur de l’obligation est sensible à la notation de crédit et à l’évolution des taux de marché : si ces derniers baissent, la valeur de l’obligation monte).
On observe historiquement, qu’à long terme, ces moteurs permettent aux obligations convertibles de capter environ deux tiers de la performance des marchés actions en période de hausse, et seulement un tiers de la baisse en période de repli. Ceci s’explique grâce à la présence du plancher obligataire, correspondant à l’actualisation des coupons et du prix de remboursement final, en-dessous duquel la valeur de l’obligation ne peut pas tomber en l’absence de défaut.
Une classe d’actifs intéressante dans le contexte actuel
Compte tenu de leurs caractéristiques, les obligations convertibles européennes semblent particulièrement adaptées à la conjoncture actuelle des marchés. Les valorisations des actions sont désormais au-dessus de leur moyenne historique, et sans vouloir totalement quitter ce segment de marché dynamique, beaucoup d’investisseurs voudraient s’assurer une protection en cas de rechute des marchés. Les obligations convertibles répondent précisément à cette problématique, d’autant plus qu’elles restent quant à elles sous leur valorisation moyenne de long terme.
Par ailleurs, l’une des craintes récurrentes des investisseurs tient à une éventuelle remontée des taux sur le marché obligataire. Si ce risque se réalise, la partie obligataire des convertibles serait certes impactée négativement, mais de manière modeste car la duration moyenne des obligations convertibles est faible (2,4 ans en moyenne). Surtout, les actions ont quant à elles tendance à progresser en période de hausse des taux. Au sein d’une convertible, les gains obtenus sur la partie « action » pourraient donc compenser les pertes réalisées sur la partie « obligation » : une hausse des taux ne serait donc pas pénalisante.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
Pour les investisseurs institutionnels, notamment les compagnies d’assurance, les fonds d’obligations convertibles offrent un intérêt supplémentaire puisque l’investissement en obligations convertibles nécessite une plus faible mobilisation de capitaux propres réglementaires que les actions.
Les émetteurs sont de plus en plus variés
Enfin, il est intéressant de souligner que le segment des obligations convertibles est désormais très bien diversifié, aussi bien en termes de secteurs d’activité que de taille des entreprises émettrices.
Au cours des dernières années, de grands emprunteurs sont en effet venus sur le segment des obligations convertibles comme Total, Michelin, Kering ou LVMH. L’univers est ainsi plus défensif et de meilleure qualité que par le passé.
Il n’est donc pas surprenant d’observer depuis quelque temps une réallocation de certains investisseurs actions en faveur des fonds d’obligations convertibles. Ceux-ci s’offrent ainsi la possibilité de continuer à profiter de la hausse des marchés actions tout en limitant leur risque de perte en cas de retournement.