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[Avis d’expert] Les entreprises françaises redécouvriraient-elles leur terre natale ?

Pour Bertrand Biette, Avocat associé de FIDAL*, "la réindustrialisation de la France par l’innovation est en marche".

Réviseraient-elles, après 20 ans de globalisation, leur vision de la France, pour lui offrir une toute autre considération ? Quoi qu’il en soit, une dynamique est lancée : certains dirigeants parviennent à maintenir, via des procédés innovants, leur production en France. D’autres, implantées à l’étranger, optent aujourd’hui pour un retour au bercail.

« Il n’est d’industrie durable que celle qui vend de la qualité », affirmait l’économiste Auguste Detœuf. Nous sommes à la fin des années 50 quand celui qui fut également le premier président d’Alsthom prononce ces mots. Noyé entre-temps dans l’oubli par la vague de mondialisation, l’adage refait surface plus d’un demi-siècle après, et conduit les dirigeants français en mal de durabilité à reprendre la route du pays des Lumières.

S20 Industries, Famoco, PSA, Renault, Seb, Gautier, etc. ont ainsi toutes relevé le défi du « Made in France ». Et avec brio ! Un mouvement qui ne passe pas inaperçu : une étude menée en février dernier soulignait une nette amélioration de la performance hexagonale en matière d’innovation. La France figure ainsi au 18ème rang mondial, gagnant 3 places en 2 ans, et 11ème au niveau européen.

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Alors, quelles sont les particularités de ces entreprises déterminées à ne pas céder au chant des sirènes de la délocalisation ? Dotées d’une énorme puissance de travail et de compétences collectives, elles font preuves d’une créativité hors normes.  Surtout, elles ne comptent que sur elles-mêmes. Menées par des hommes prêts à tout repenser, elles s’adaptent et anticipent chaque mutation de leurs métiers et de leurs marchés. Pour maintenir ou relocaliser une partie de leur production, elles ont également su évaluer les avantages et les inconvénients, et ont fait le choix de la marque France. Mais tout n’est pas si simple et les Cassandre ne sont pas à court d’arguments : environnement réglementaire lourd, coût du travail élevé et fiscalité instable. Bien sûr, ces éléments sur lesquels les sociétés ont peu de prise, constituent des freins pour elles. Bien sûr aussi, les seuils sociaux représentent un poids pour leur développement. Oui, bien sûr… Mais ce que nous enseignent ces sociétés innovantes, c’est qu’il n’y a pas de fatalité, que leur modèle est reproductible et que la délocalisation n’est pas la réponse à tout.


Se réorganiser et tout repenser pour continuer à produire en France

En 2013, le groupe Algérien Cevital reprenait la société Fagor Brandt pour délocaliser une partie de ses activités et laissait derrière lui une usine de production de lave-linge Vendéenne et ses 200 emplois. Sur le moment, Pierre Jullien, entrepreneur chevronné, n’avait pas hésité et rachetait l’établissement pour 1€ symbolique avec l’ambition de le reconvertir, tout en maintenant les emplois. Après avoir identifié les ressources de l’usine, il décide d’adapter sa production aux nouvelles conditions de marché. Son objectif : maintenir la production en France. 3 ans plus tard, c’est chose faite. Chapeau bas.

Pour réussir ce tour de force, Pierre Jullien a d’abord passé en revue tous les atouts de l’établissement : compétences collectives, statut d’usine de production, polyvalence des salariés mais aussi souplesse tant dans l’organisation de l’usine que dans son activité potentielle. L’audit terminé, le repreneur a construit son projet de reconversion autour de 3 métiers distincts et complémentaires : plasturgie, découpe et montage/distribution. Après quelques hésitations l’usine devient S20 industries… fabriquant de machines à café !

La clé du succès a été de se montrer innovant et ce, à tous les niveaux. Managérial d’abord, en associant les salariés et syndicats au nouveau projet d’entreprise: Stratégique, avec une refonte produit à partir d’une analyse des ressources et des adaptations possibles. Juridique ensuite, avec le soutien de ses avocats qui ont su trouver des solutions innovantes pour permettre au projet de se déployer. Et enfin technologiques, pour parvenir à suivre l’évolution de son marché. In fine, la transformation de S20 Industries s’est imposée comme une évidence. Les réactions des salariés parlent d’elles-mêmes : « Deux ans après la reprise, on ne se souvient même plus de la façon dont on travaillait ! ». Un vrai succès !

Dans les faits, S20 industries n’est pas un cas isolé. D’autres se remettent également en cause mais font d’autres choix, comme délaisser leur pays d’adoption… pour revenir en France.

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Rapatrier ses activités en France pour rétablir la confiance
L’une d’entre elles, Famoco, fournisseur français de solutions de transactions numériques s’apprête à quitter le sol chinois où elle a été créée pour revenir à domicile. Co-fondée en 2010 par un jeune ingénieur français, Nicolas Berbigier, la Chine représente à ce moment-là une véritable opportunité : un écosystème dans l’électronique fort, la flexibilité des travailleurs ou la proximité avec la chaine de production des téléphones portables sont autant d’arguments en faveur de cette expatriation. 
Mais tout n’était pas si rose : dès le début, le dirigeant se heurte aux réticences des populations locales à produire de faibles volumes. Autre difficulté, culturelle cette fois : en Chine, « demain n’existe pas et la parole n’a aucune valeur », explique Nicolas Berbigier. Comprendre par là qu’il n’est pas rare d’observer des changements de matériaux, de procédures de tests ou de processus de fabrication.
Mais, comme si ça ne suffisait pas, la pose de mouchards ou les allégations mensongères sont aussi des pratiques courantes : 7 ans après la création de Famoco, le constat est sans appel et le dirigeant prend la décision de rapatrier une partie de sa production en France.
Certes, le coût de la main d’œuvre est plus élevé, mais l’entrepreneur est formel : « ce surcoût vaut largement les ennuis liés aux incertitudes et à l’instabilité vécue en Chine ». Ce choix du « Made in France » permet de rétablir un vrai climat de confiance à tous points de vue : dirigeants, salariés et surtout vis-à-vis des clients.

La France incarne à nouveau aux yeux de ses industriels des valeurs qu’ils ne lui portaient plus depuis longtemps : Rigueur, qualité et savoir-faire restent les composantes essentielles de l’ADN du tissu industriel français.

Moralité, à l’instar de S20 Industries et Famoco, il appartient aux entreprises hexagonales de réinvestir leur environnement local pour prendre un nouvel élan. Certes moins dans l’exotisme et plus complexe, mais bien plus sûr.

FIDAL : Avec 1400 avocats et juristes en France, des partenaires dans 150 pays et un chiffre d’affaires de 346,1 M€ lors de l’exercice 2014-2015, FIDAL est le premier cabinet d’avocats d’affaires en France* et en Europe continentale** par la taille et le chiffre d’affaires

 

Pour plus d'informations : www.fidal.comwww.fidal-avocats-leblog.com

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