Analyse rédigée par Miyuki Kashima, Directrice de la gestion actions japonaises chez BNY Mellon IM au Japon,
« Les cinq dernières années sont la preuve que, au moins sur un horizon à court ou moyen terme, il est possible pour certains pays de connaître à la fois une forte croissance économique et une hausse des marchés boursiers sans qu’il y ait la moindre augmentation de la population. Au Japon, le PIB nominal et le PIB réel sont plus élevés qu'en 2008 - ainsi que les quelques années de prospérité précédant la crise financière - et plus récemment, la confiance des entreprises et la Bourse ont respectivement atteint leurs plus hauts points depuis 10 et 20 ans.
Même pour les investisseurs à très long terme, il y a un certain nombre de raisons de ne pas écarter le Japon sur la seule base des dynamiques de population. Les prévisions futures et la population réelle peuvent varier considérablement en raison des fluctuations au niveau de la fertilité et des changements en matière de politique d'immigration. Si jamais la pénurie de personnel devenait le principal obstacle à la prospérité économique du pays, le Japon a toujours la possibilité de s’ouvrir davantage à l’immigration. Le Japon bénéficie d’un niveau de sécurité très élevé et possède d'excellentes infrastructures ainsi que des services de santé et une alimentation de qualité à des prix abordables : il pourrait logiquement trouver grâce aux yeux de ceux à la recherche d’un pays d’adoption.
Le déclin démographique n’est peut-être plus vraiment un inconvénient, à l’heure des changements radicaux que s'opèrent dans le monde d'aujourd'hui : par exemple, l’internet des objets, la robotique et les ordinateurs quantiques. Le Japon est un des seuls endroits au monde où de telles avancées technologiques pourraient même s’avérer très efficaces pour doper les niveaux de productivité par habitant. Il y aura peu d’opposition à l'acceptation des technologies en raison des craintes autour du risque de pertes d’emploi. L'internet des objets fonctionnera effectivement très bien au Japon car les machines finales doivent être fiables : le Japon est un pays où la technologie fonctionne de manière fluide, comme nous montre l’exemple des trains à grande vitesse gérés par la société JR Tokai qui assurent 342 départs par jour, avec un retard moyen annuel de 0,9 minutes seulement. »