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Marchés actions : l’exception française ?

Tim Stevenson, gérant Actions européennes chez Henderson Global Investors, donne son point de vue sur l’environnement macroéconomique de la France et les perspectives de son marché actions pour 2013. Depuis un mois, le gérant a progressivement augmenté l’exposition de son fonds au marché français. Il en explique les raisons.

L’économie française est relativement affaiblie à l’heure actuelle : la situation de la dette est l’une des plus faibles en Europe à plus de 90% du PIB (et ne devrait pas commencer de s’améliorer avant au moins trois ans), le déficit budgétaire tourne autour de 4,5%. Ce n’est pas un problème insurmontable, mais c’est un problème qu’il faudra toutefois aborder. Le marché a donc été surpris lorsque François Hollande a été élu Président de la République en mai 2012 avec un programme basé sur la croissance et les dépenses. Les investisseurs ont fait part de leurs préoccupations, l’accent étant mis sur une augmentation des impôts plutôt que sur une baisse des dépenses pour réduire le déficit budgétaire, ce qui pouvait potentiellement s’avérer infructueux et aurait pu être une source de tensions avec nos homologues allemands.

Mais les faits sont toujours les mêmes, l’Europe, ainsi que tous ses participants, s’est engagée sur la voie de la réforme économique, et malgré les moyens de François Hollande en termes de politique économique intérieure, il ne dispose que d’une faible marge de manœuvre. Il a justement essayé d’améliorer la croissance tout en s’efforçant de maintenir la dette à un niveau bas. Ceci a débuté au cours du 4ème trimestre avec l’annonce de mesures pour relancer la compétitivité des entreprises françaises, notamment par l’intermédiaire d’incitations fiscales.

Prochaine étape sur l’agenda : la réforme du marché du travail. Ce sera une étape plus difficile car la France dispose de syndicats relativement puissants. Cependant, étant donné que le coût de la main d’œuvre en France est parmi les plus élevés en Europe, nous espérons que le gouvernement réduise au moins la bureaucratie et simplifie la législation du travail. Il devrait ensuite s’attaquer au cours du 2ème semestre 2013 à la réforme des retraites.

Une réforme est en cours, mais cela prend du temps. Nous pensons donc que cela conduira, comme pour beaucoup de pays développés, à une période prolongée de désendettement ce qui signifie que la croissance du PIB devrait se maintenir autour de zéro. Cependant, si cette volonté de réforme se poursuit, la France pourrait à terme, tout comme le reste de l’Europe, se trouver dans une position beaucoup plus solide que les pays qui ne font pas face à leurs problèmes.

Perspectives du marché des actions françaises pour 2013. Les actions françaises ont sous-performé au cours des dernières années et s’échangent à des prix beaucoup plus faibles que le reste du marché. Au cours des derniers mois nous avons progressivement augmenté notre exposition à la France, non pas pour des raisons macro-économiques mais dans le cadre de notre processus de sélection de titres. Il est également important de souligner que la plupart des entreprises cotées françaises sur lesquelles nous sommes investis sont des sociétés internationales comme par exemple L’Oréal qui enregistre une forte croissance en Asie et ne réalise que 35% de ses ventes en Europe occidentale.

Exposition du fonds Henderson Horizon Pan European Equity sur la France.Les obligations gouvernementales françaises s’échangent à des niveaux proches de ceux des obligations allemandes ce qui est surprenant vu la plus faible dynamique du marché de la dette française, mais il n’est pas simple d’avoir une position « vendeuse » sur les obligations d’Etat français.

Les investisseurs asiatiques ont largement investi en France au cours des derniers mois et cela a poussé les rendements français à des niveaux proches de ceux de l’Allemagne, en prenant par la même occasion beaucoup de positions courtes pour bénéficier d’un effet de levier. L’achat de dette française devrait se poursuivre dans un environnement où la disponibilité des Bunds (ou d’obligations Suisses) ne serait pas suffisante et conduirait les investisseurs à se tourner vers des pays périphériques majeurs, tels que la France. La France se trouve dans un bras de fer entre les fondamentaux et les indicateurs techniques. Ces derniers remportent la mise pour l’instant. En ce qui concerne les fondamentaux, nous pensons que la France agit déjà dans le bon sens avec ses réformes structurelles mais les changements mis en place à ce jour ne sont pas suffisants et il restera encore beaucoup de chemin à parcourir au cours des prochaines années.

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