Paul Flood, Gérant de Portefeuille Multi-Asset chez Newton IM (BNY Mellon IM), dresse un état des lieux de l'économie et des marchés financiers aux États-Unis en vue de la publication des chiffres officiels du PIB américain ce vendredi.
Alors que le président Trump sollicite les Républicains du Sénat sur l’identité du prochain président de la Fed et que le professeur de l’Université de Stanford John Taylor semble être en bonne voie pour se voir attribuer le poste, ce contexte devrait soutenir deux tendances que nous observons déjà sur les marchés : le raffermissement du dollar américain et un mouvement de vente sur les marchés obligataires, dans la mesure où Taylor est partisan d’une remontée des taux d’intérêt et de la sortie de la politique monétaire non-conventionnelle.
Les marchés prennent conscience du fait qu’il n’y a plus d’acheteur « contraint » sur le marché obligataire, bien au contraire. Alors qu'ils ne vendent pas en bloc leurs obligations en portefeuille, la Fed ne réinvestit pas dans des titres arrivant à échéance, toutefois l’effet est le même : il y a désormais un vendeur « contraint » sur le marché.Le Trésor va devoir trouver un nouvel acteur pour remplacer un acheteur qui était totalement indifférent aux prix des actifs, pour un montant qui totalisera in fine 50 Mds$ par mois et les marchés obligataires ouvrent les yeux sur cette nouvelle réalité. Les données économiques sont robustes, les indices PMI en Europe et aux Etats-Unis ont dépassé les attentes du marché et l’inflation reprend progressivement : les marchés obligataires ont continué à subir des ventes, et le plafond de rendement de 2,4% sur l’obligation américaine à 10 ans a été atteint il y a peu. Les investisseurs se sont généralement positionnés sur les actions au moment des mouvements de vente coordonnés, mais nous n’avons pas l’impression que les obligations soient une classe d’actifs que les investisseurs ont intérêt à acheter pendant des replis comme celui-ci, étant donné les attentes d’un resserrement monétaire mondial.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
La saison des résultats démarre, et les premières annonces des sociétés américaines de qualité dites « blue-chip » sont prometteuses, ce qui provoque un effet d’entraînement sur les valeurs boursières de la première économie du monde. L’indice DJ Industrial frôle toujours de nouveaux sommets, ce qui contribue à l’appréciation du dollar. Si les résultats continuent à dépasser les attentes, les rendements du marché américain pourraient même atteindre les 20% cette année. Le marché suivra de près les commandes de biens durables aux États-Unis pour voir si les données économiques demeurent solides, de même que les ventes de maisons neuves pour le mois de septembre, attendues en baisse suite aux récents ouragans.
Egalement, le marché continuera à se concentrer sur tous les signes d’avancement de la réforme fiscale américaine. Si ce projet politique mène à un assouplissement du déficit budgétaire, alimentant ainsi les pressions inflationnistes, cela serait alors favorable aux actions tout en portant préjudice aux obligations. Avec la publication des chiffres du PIB américain attendue vendredi, des indicateurs positifs pourraient recentrer l’attention des marchés sur la trajectoire de la politique de la Fed, la dynamique budgétaire à venir, la stabilisation de la croissance économique et le resserrement monétaire mondial, ce qui maintiendrait les pressions à la hausse sur les rendements obligataires américains jusqu’en 2018.
Le sentiment des marchés boursiers reste positif compte tenu de l’actualité : bonne tenue des indicateurs économiques, baisses des impôts, et un début en fanfare de la saison des résultats. Cela tire aussi les prix des métaux industriels vers le haut sur les marchés des matières premières.
La seule classe d'actifs qui n’a visiblement pas anticipé un rebond de la croissance est le marché obligataire, mais une prise de conscience semble être en marche !