Le Crédit Foncier nous fait découvrir au cours de cet été 2017, une grande figure de l’immobilier, son œuvre et sa résonance actuelle.
Après Georges-Eugène Haussmann, Paul Delouvrier, André Pux, Jules Siegfried, Napoléon III et Jean Dollfus, ce 7ème épisode est consacré au Corbusier (1887-1965). Architecte et urbaniste, il a profondément marqué le XXe siècle. Il est l’un des pionniers du « Mouvement moderne ». Il est le père fondateur du concept d’unité d’habitation.
Qui est-il : la pénurie de logements d’après-guerre
Après avoir commencé, dès l’âge de 13 ans, une formation de graveur-ciseleur puis de peintre, à l’Ecole d’art de sa ville natale de La Chaux-de-Fonds, en Suisse, Charles-Edouard Jeanneret-Gris s’orienta définitivement vers l’architecture et la décoration en 1904. En 1908, il rencontre l’architecte Auguste Perret qui lui enseigne la technique de construction en béton armé à laquelle il sera attaché durant toute sa carrière. Il quitte la Suisse en 1917 pour s’installer à Paris où il fait la connaissance du peintre Amédée Ozenfant avec qui il s’amuse à théoriser le purisme, se voulant des continuateurs du cubisme. Tous deux fondent l’Esprit Nouveau, revue d’art et d’architecture, dans laquelle Charles-Édouard Jeanneret-Gris signe pour la première fois Le Corbusier.
Le Corbusier continua à écrire toute sa vie, des articles et des essais dont certains figurent parmi les textes les plus influents des années 1920, époque du Mouvement moderne. Après avoir conçu l’idée du Congrès international d’architecture moderne, le Ciam, qui réunit à Paris, en 1928, la plupart de ses confrères architectes et urbanistes du courant Moderne, Le Corbusier décida de se focaliser, la grande dépression d’après 1929 aidant, sur les problèmes de concentration urbaine.
Eclectique, Le Corbusier puisa dans sa curiosité, ses multiples voyages et son goût pour bien des disciplines, architecture, urbanisme, décoration, peinture, sculpture, littérature, une extraordinaire capacité à l’audace et à l’innovation. Depuis le 17 juillet 2016, dix-sept de ses œuvres, dont dix en France, sont classées au patrimoine mondial de l’Unesco.
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Le contexte : mettre fin à la croissance anarchique de la capitale
Les destructions de la Seconde Guerre mondiale, 1 800 communes sinistrées, 500 000 immeubles détruits, près de deux millions endommagés, ont engendré une grave crise du logement qui dura quasiment 20 ans, jusqu’à l’orée des années 1960. En 1945, le nombre de Français sans abri se chiffrait en millions, d’autant qu’aux destructions de la guerre, s’ajoutaient les besoins en logements nouveaux engendrés par l’explosion démographique, le fameux baby-boom, et l’exode rural.
Le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme s’engagea alors dans une politique de construction de grands ensembles et s’intéressant notamment au concept d’unité d’habitation, théorisé par Le Corbusier pour innover dans l’habitat collectif.
De plus, à cette époque, apparurent de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de construction (béton armé, acier…) qui permettaient de réduire les coûts et les délais de construction.
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Quelle est sa contribution dans l’immobilier
Le Corbusier est un des pionniers du Mouvement moderne, dont l’action qui se développe dans les années 1920, se définit par :
- un style épuré, avec un retour au décor minimal et des lignes géométriques ;
- la volonté de répondre aux besoins de l’époque, soucieuse de praticité, par une construction fonctionnelle et rationnelle ;
- l’utilisation de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques de construction tels que le béton, l’acier ou encore le verre.
Autour de ce cadre, Le Corbusier va poser 5 principes architecturaux :
1/ les pilotis : surélever la construction grâce à des pilotis pour permettre de libérer le niveau du sol au profit d’un espace de circulation des piétons ;
2/ le plan libre : es murs porteurs sont remplacés par des piliers qui libèrent toute créativité pour aménager l’espace et la circulation ;
3/ la façade libre : permettre la construction de façades en baies vitrées, fenêtres et murs légers. Ceci est possible grâce à la suppression des murs porteurs ;
4/ la fenêtre-bandeau : le parti pris de la vue panoramique avec des fenêtres de grande longueur au profit de la luminosité ;
5/ le toit-terrasse : le toit traditionnel en pente est remplacé par un toit plat en béton, qui peut servir de solarium, terrain de sport, piscine, toit jardin…
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L’unité d’habitation
Dès les années 1920, Le Corbusier, soucieux du bonheur des habitants, considérait que celui-ci passait par son concept d’habitat collectif qu’il nommait unité d’habitation : il souhaitait construire des logements à faible coût et offrir dans un même bâtiment tout ce qu’attendaient ses habitants dans leur vie quotidienne : logement, espaces verts et services collectifs (commerces, laverie, piscine, école, bibliothèque, bureau de poste, lieux de rencontre…).
Ces unités d’habitation étaient construites avec ce qu’il appelait les matériaux de l’urbanisme, c’est-à-dire le soleil, les arbres, le ciel, l’acier et le ciment.
Séduit par cette réflexion, et avant tout soucieux de reconstruire la France le plus rapidement possible et au meilleur coût, le ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme, Raoul Dautry commanda en 1945 à Le Corbusier la première unité d’habitation pour Marseille qui souffrait particulièrement de pénurie de logements sociaux. Le projet aboutit à La Cité radieuse qui fut inaugurée en 1952 : 337 appartements sur 18 étages abritant 1 600 habitants bénéficiant sur place de 26 services publics.
Dans son discours inaugural, Le Corbusier présenta son œuvre comme « faite pour les hommes, faite à l’échelle humaine, dans la robustesse des techniques modernes, manifestant la splendeur nouvelle du béton brut, pour les ressources sensationnelles de l’époque au service du foyer ».
La Cité radieuse de Marseille fut suivie de 4 autres grands ensembles réalisés sur le même modèle : la Maison radieuse de Rezé près de Nantes (1955), la Cité radieuse de Briey-en-Forêt près de Metz (1960), le Site Le Corbusier de Firminy près de Saint-Etienne (1967) et le Corbusierhaus, près du stade olympique de Berlin ouest (1957).
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La place du Crédit Foncier
Le Crédit Foncier, de par son statut d’établissement semi-public et son expérience, prit une grande part à la reconstruction de la France, notamment en tant que maître d’œuvre, à la demande de l’État, de la politique d’aide à la construction et au logement. Le Crédit Foncier obtint la gestion comptable du Fonds national d’amélioration de l’habitat (Fnah), mis en place en 1945. Alimenté par un prélèvement sur les loyers des immeubles achevés avant la déclaration de guerre, le Fnah subventionnait les propriétaires engageant des travaux d’amélioration de leur logement. Le Crédit Foncier pouvait même abonder la subvention par un prêt à taux bonifié sur trois ou cinq ans. C’était la première fois dans l’histoire qu’un propriétaire pouvait réaliser des travaux de rénovation sans avoir pratiquement à avancer la moindre mise de fonds.
De ces missions dévolues par l’État dans l’après-guerre, le Crédit Foncier tira sa légitimité de spécialiste du financement de l’accession sociale à la propriété.
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