A l’occasion de la libéralisation du Dirham au Maroc qui devrait prendre effet dans quelques jours, Sandy Campart *, spécialiste du marché des changes, analyse les conséquences de cette flexibilisation.
Les entreprises vont être confrontées à une plus grande volatilité du taux de change et des taux d’intérêt qu’elles devront assumer. L’implémentation d’outils de gestion des risques, la formation des directions financières et des centres d’affaires au sein des établissements bancaires ainsi que les coûts liés à la couverture vont nécessiter d’intégrer ces investissements et charges dans le modèle économique des entreprises afin d’aborder dans les meilleures conditions possibles cette délicate transition.
Si on se réfère à l’impossible trinité développée par Robert Mundel, il est impossible de maintenir son taux de change à une parité fixe sans renoncer à la mobilité des capitaux ou à l’autonomie de la politique monétaire. Ainsi, la libéralisation du dirham aura pour effet d’autoriser une plus libre circulation des capitaux et ainsi favoriser les investissements directs et de portefeuille étrangers. Le bénéfice attendu de cette plus forte intensité capitalistique est un saut à la fois quantitatif et qualitatif de l’appareil productif marocain. Le stimulus sera d’autant plus efficace que les prévisions macroéconomiques marocaines seront bien orientées. Le moment est donc bien choisi.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
Néanmoins, le passage d’un régime fixe à un régime flottant comporte également des risques qu’il ne faut pas sous-estimer. Les différentes crises financières qui ont jalonné l’histoire des pays dit « émergents » montrent que le phénomène de « fuite vers la qualité » des capitaux étrangers en cas de choc est particulièrement brutal. L’évolution de l’endettement extérieur libellé en devises étrangères doit être surveillée avec la plus grande attention sous peine de subir une spirale de la dette explosive en cas de forte dépréciation.
Enfin, sur le plan microéconomique, les entreprises vont être confrontées à une plus grande volatilité du taux de change et des taux d’intérêt qu’elles devront assumer. L’implémentation d’outils de gestion des risques, la formation des directions financières et des centres d’affaires au sein des établissements bancaires ainsi que les coûts liés à la couverture vont nécessiter d’intégrer ces investissements et charges dans le modèle économique des entreprises afin d’aborder dans les meilleures conditions possibles cette délicate transition. »
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* Sandy Campart est Directeur de l'IUP Banque Finance Assurance - IAE Caen et du CREM.
Il est Co-auteur de « Risques de taux d'intérêt et de change » et de « Identification et stratégies de couverture »
Il interviendra à la Conférence qui se tiendra au Maroc le 6 juillet prochain, Projet Economie Entreprises Live,
sur les thèmes de la « Flexibilité du Dirham : des changements et des risques » et de la libéralisation du dirham.