Selon John Bailer, gérant actions américaines « value » chez The Boston Company AM, filiale de BNY Mellon IM, les investisseurs « value » devraient accueillir favorablement l’incertitude des marchés car elle génère des opportunités pour acquérir des entreprises de qualité à un prix raisonnable.
Les investisseurs semblent croire que certaines entreprises de croissance sont vouées à une expansion infinie, ce qui est illusoire. En tant qu’experts value, nous investissons au contraire dans des entreprises suscitant des attentes plus modestes, et ce pour diverses raisons. L’entreprise peut en effet avoir manqué ses objectifs de résultats ou rencontrer des difficultés avec son équipe dirigeante.
Nous recherchons des entreprises qui font face à des changements, tels qu’un renouvellement du management ou une rationalisation de l’activité. Ces changements peuvent affecter la dynamique d’une entreprise et, si le marché n’en prend pas conscience, le titre offrira une valeur attrayante.
Accepter l’incertitude
L’élection de Donald Trump a fait naître des incertitudes sur le marché américain. Les investisseurs se positionnent en fonction de leurs prévisions quant à la capacité du nouveau Président à mettre en œuvre ou non ses politiques. Autrement dit, selon leurs anticipations d’une poursuite de l’environnement déflationniste ou d’une reflation aux États-Unis. Si l’abrogation de l’Obamacare a droit à une seconde chance et que le Congrès l’adopte, alors la probabilité que les autres mesures soient mises en œuvre augmentera. Toutes les réformes potentielles sont favorables aux entreprises et à la croissance, et devraient donc favoriser la croissance du PIB et des bénéfices du S&P 500 si elles sont appliquées.
On constate que les investisseurs se positionnent sur des titres insensibles à l’évolution de l’économie. Cette tendance s’explique par la moyenne du PIB américain sur 10 ans, qui ressort nettement inférieure aux niveaux observés durant les 50 années qui ont précédé la crise financière. Le marché est déséquilibré : le niveau durablement faible des taux d’intérêt et la quête de rendement ont rendu les obligations très chères, et les actions se comportant comme des obligations sont également devenues hors de prix.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
L’opposition entre titres value et growth
2016 a été la première année depuis début 2010 durant laquelle les titres value ont surperformé les titres growth. Même dans les segments value traditionnels, la dispersion est significative. En effet, les investisseurs ont tiré vers le haut les prix des « actions quasi-obligations », notamment dans le secteur des services aux collectivités, tout en restant à l’écart de secteurs mis à l’index pendant la récession qui a suivi la crise, comme les financières.
En juillet 2016, par exemple, nous avons été en mesure d’investir dans des financières dotées de rendements du dividende plus élevés et de taux de croissance anticipée du dividende à trois ans nettement meilleurs que ceux du secteur des services aux collectivités, et ce à des niveaux de multiples de prix/bénéfices (PER) et de prix/valeur comptable bien plus intéressants. En dehors des secteurs quasi-obligataires, nous parvenons à dénicher des opportunités attrayantes offrant des dividendes robustes, des valorisations convaincantes et des catalyseurs d’amélioration de l’activité.
Feux verts sur les banques
Nous sommes confiants sur les financières, mais nous reconnaissons qu’une large partie des investisseurs conserve une perception négative du secteur. C’est en partie compréhensible vu l’impact prolongé de la crise financière survenue il y a environ 10 ans. Mais avec une telle approche, ces investisseurs s’interdisent de détenir des titres dont les dividendes, qui, selon nous, connaîtront une croissance robuste dans les années à venir.
Les bilans dans le secteur des services financiers sont aussi solides que dans le passé. En juillet 2016, toutes les banques américaines tenues de passer les stress-test de la Fed l’ont réussi avec un ratio de levier Tier 1 de 4% ou plus. Parallèlement, les banques américaines se montrent « extrêmement prudentes » dans leur politique de prêt. Loin de dépasser leurs limites, elles ont généré des prêts parmi les plus solides de leurs bilans sur les 8 dernières années.
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