Face à la perspective de taux faibles dans un avenir proche, un dilemme continue de se poser aux investisseurs : comment obtenir un niveau de rendement satisfaisant, tout en gérant soigneusement leur exposition au risque ? De nombreux investisseurs obligataires sont donc tentés d’augmenter leur exposition au risque de crédit tout en réduisant la duration pour plus de sécurité.
Pour Charles McKenzie, Directeur des investissements obligataires de Fidelity International, réduire la duration n’est pas la bonne solution : « Sur le marché obligataire, beaucoup d'investisseurs souhaitent bénéficier d’une combinaison optimale de sécurité et de rendement. Ils pensent souvent que le mieux est de surpondérer le risque de crédit, qui a tendance à offrir un bon niveau de rendement, tout en réduisant la duration pour atténuer la sensibilité des investissements face aux variations des taux souverains. Or ce n’est pas nécessairement la meilleure solution. Le fait de réduire la duration a deux conséquences majeures :
- La première est qu’en cas de diminution sensible de la duration (avec des couvertures ou en privilégiant des titres à échéance courte), on renonce à une importante source de rendement, car les obligations à maturité plus longue présentent généralement un rendement plus élevé.
- La seconde est qu’une duration plus courte a tendance à accroître la corrélation entre les composantes actions et obligations d'un portefeuille. Les obligations contribuant généralement à diversifier une exposition aux actions, l’investisseur risque de se priver de la diversification offerte par la classe d’actifs s'il réduit la duration de manière trop prononcée. »
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
À la place, Charles McKenzie recommande 3 manières de gérer autrement la duration
1/ Garder une perspective internationale : « Il est important de penser global et de ne pas se cantonner à son marché domestique. Des cycles différents sont à l’œuvre aux quatre coins du monde, d’où l’intérêt de s’exposer à différents marchés régionaux plutôt qu’uniquement à son propre marché. Par exemple, en ce moment nous identifions des opportunités d'investissement attrayantes sur les marchés de taux d'intérêt américains et australiens, où des facteurs globaux mais également idiosyncrasiques incitent à une surexposition en duration.
2/ Ne pas se limiter aux emprunts d'État : « Il faut être à l’écoute des opportunités dans tout l’univers obligataire, en particulier celles qui rémunèrent convenablement les investisseurs pour le risque supplémentaire porté par les obligations d’entreprise par rapport aux emprunts d'État. Bien sûr, ces opportunités existent mais il est important de les choisir avec attention.
D’après nos recherches, les investisseurs perçoivent actuellement une rémunération adéquate en termes de spread pour le risque de défaut et de crédit qu’ils endossent en s’exposant aux obligations d’entreprise. Les titres investment grade sont particulièrement attrayants à l’heure actuelle.
La situation est plus mitigée pour le high yield noté de CCC à BB. Après les excellentes performances de l’année dernière, les valorisations de la classe d'actifs sont bien évidemment moins avantageuses qu’il y a 12 mois, mais nous repérons toujours un potentiel haussier parmi les titres BB, où le risque de crédit nous paraît correctement rémunéré. Une sélection de titres rigoureuse reste toutefois indispensable.
3/ Penser aux obligations indexées sur l'inflation : « On parle rarement des obligations indexées sur l’inflation, et pourtant le fait d’investir à la fois dans des actifs réels et dans les titres liés à l’inflation peut être un bon moyen de diversification dans un portefeuille obligataire. Même si l’inflation paraît toujours largement sous contrôle, et que cette situation est appelée à durer encore quelque temps, la classe d’actifs offrira une protection si l’inflation se révèle supérieure aux attentes. »
« Sachant que les taux vont rester faibles, il n’est pas facile de trouver le juste équilibre entre rendement et sécurité. Mais il faut éviter de céder à la tentation de trop réduire la duration, car celle-ci joue encore un rôle très important au sein d’un portefeuille équilibré. », conclut Charles McKenzie.