Une nouvelle étude de l’EDHEC-Risk Institute analyse les engagements de retraites explicites et implicites qui pèsent sur les finances publiques, ainsi que les principaux risques qui y sont associés. Le récent rapport sur le vieillissement (Commission Européenne, 2012) contribue à établir des chiffres comparables des dépenses de retraites publiques.
Sur la base de ces projections à l’horizon 2060, l’EDHEC-Risk Institute a estimé la valeur actualisée nette des engagements correspondant pour différents taux d’actualisation. La valeur présente des engagements de retraite est très sensible au taux d’actualisation choisi, mais n’est de toute façon pas négligeable. Au plus fort taux étudié, 5%, elle représente une valeur proche ou supérieure à 100% du PIB de 2010 dans 18 pays sur les 27, plus de 200% dans 8 pays, et jusqu’à 483% pour la Belgique. Avec l’hypothèse centrale d’un taux à 4%, 12 pays sont au-delà de 200% et 7 au-delà de 400%. Enfin, une hypothèse basse à 3% voit 11 pays à plus de 400%, 6 à plus de 800% du PIB, et il est impossible de calculer une valeur actualisée pour 3 pays dont le taux de croissance des dépenses de retraite dépasse les 3%.
Au final, les valeurs des engagements de retraite publics que l'EDHEC-Risk Institute a calculées peuvent aboutir à des analyses de solvabilité bien différentes de celles habituellement prises en compte par les agences de notation ou les investisseurs.
Pour les retraites privées, l’enjeu est différent. Certains régimes, notamment ceux à prestations définies ou hybrides, risquent de nécessiter des renflouements publics s’ils n’évoluent pas vers davantage d’hybridité et des pratiques plus modernes. Faute de favoriser une telle évolution rapidement, les pays de l’UE-27 s’exposent à devoir secourir plus tard des fonds de pension « trop importants pour faire faillite ».
Ainsi, des pays aux finances publiques vertueuses au sens de Maastricht comme par exemple la Suède, le Luxembourg ou le Danemark, le sont beaucoup moins si leurs engagements de retraites publics sont pris en compte alors que la situation de pays comme l’Espagne, l'Italie ou même le Portugal présentent une situation relativement meilleure.
Les facteurs de risque qui pourraient dégrader encore ces prévisions sont principalement démographique (augmentation du ratio de dépendance des personnes âgées), économique (chômage persistant, réduction des heures travaillées, PIB potentiel stagnant) et politique (notamment difficulté à faire appliquer les engagements passés).
La Commission européenne se pose actuellement la question d’une stratégie pour des retraites adéquates, sûres et viables, par l’intermédiaire d’un livre blanc auquel l’EDHEC Risk-Institute a récemment répondu (Amenc et al., 2012). Dans cette perspective l’EDHEC-Risk Institute fait trois recommandations majeures :
- Les investisseurs doivent être plus vigilants sur le risque des retraites dans leur appréciation de la solvabilité des émetteurs souverains.
- Les institutions européennes doivent continuer à œuvrer à davantage de transparence et d’information en matière de finances publiques, notamment quant aux données disponibles et à la modélisation des engagements de retraites publics et privés.
- A terme, il faut envisager l’inclusion de critères explicites concernant les engagements de retraites, en sus des objectifs du Pacte de stabilité et de croissance et du Pacte budgétaire. Cette inclusion permettra à l'ensemble des parties prenantes de mieux appréhender le risque retraite et favorisera la mise en œuvre des réformes indispensables.
Accéder à la nouvelle publication de l'EDHEC Risk Institute intitulée : « Pour une meilleure prise en compte des engagements de retraite dans les pays de l Union Européenne » :
www.edhec-risk.com cliquer ici sur EDHEC-Risk Publication Towards Better Consideration of Pensions Liabilities in EU Countries