L’environnement de taux extraordinairement bas a rebattu les cartes de la gestion de trésorerie. Il a en particulier considérablement renforcé l’attrait des produits dits « cash equivalent » qui permettent d’obtenir des rendements acceptables, sans dégrader outre mesure le profil de risque des placements de trésorerie.
Le succès du fonds SLF (F) Bond Cash Equivalent I, qui dépasse aujourd’hui 1 M€ d’encours, montre qu’investisseurs institutionnels et corporates ont parfaitement intégré ces enjeux pour leur trésorerie longue.
SLF (F) Bond Cash Equivalent I est un fonds « obligations et autres titres de créance libellés en euro » dont l’objectif est d’obtenir un rendement supérieur à celui de l’indice EONIA capitalisé net de frais de gestion, sur des périodes glissantes de 6 mois. Le format cash equivalent offre la possibilité aux gérants d’accéder à des titres plus longs que ceux sur lesquels peuvent investir les OPCVM monétaires (maturité finale des titres à 36 mois, contre 24). Or, ces titres sont généralement mieux rémunérés car ils bénéficient d’une pente de spreads plus intéressante sur le segment 2/3 ans. Autre atout, la durée de vie moyenne pondérée est plus élevée dans le cadre du cash equivalent, à 18 mois contre seulement 12 pour les fonds monétaires traditionnels.
Une réponse au contexte de taux monétaires négatifs
Cet élargissement en termes de maturités est le bienvenu dans un contexte de taux monétaires négatifs. Depuis bientôt 3 ans, les investisseurs sont confrontés à un environnement de taux inédit : payer pour prêter est progressivement devenu la norme. Les taux swaps évoluent ainsi sous le seuil de 0% jusqu’à 2 ans depuis la fin 2015. L’indice EONIA, qui reflète les conditions de refinancement interbancaire au jour-le-jour dans la zone euro, campe autour de -0,35% depuis la dernière baisse du taux de facilité de dépôt de la BCE, en mars 2016. Les emprunts d’Etat de la zone euro, affichent souvent des rendements négatifs y compris pour les émissions d’une durée de vie de plusieurs années. Dans cet environnement, il est devenu quasiment impossible pour les fonds monétaires d’offrir des performances positives.
Le placement cash equivalent est une façon innovante de diversifier et de dynamiser la gestion des liquidités, tout en maintenant une approche conservatrice de l’exposition au risque de crédit, en ligne avec les attentes des directions financières. Cette marge de manœuvre a néanmoins un prix. Les fonds cash equivalent sont forcément plus volatils que les fonds classés en catégorie monétaire. Il est donc recommandé de disposer d’un horizon de placement d’au moins six mois pour y recourir.
Une marge de manœuvre strictement encadrée
Pour bénéficier du label « cash equivalent », un OPCVM doit obéir à des règles d’investissement clairement définies : sa durée de placement recommandée ne doit pas excéder 12 mois, son indice de référence doit être un indice du marché monétaire, sa volatilité doit être inférieure de 50 points de base à celle de l’EONIA, la durée de vie résiduelle des titres qui le composent ne doit pas excéder 36 mois, la maturité moyenne maximale (WAM) de son actif ne doit pas excéder 6 mois, tandis que la durée de vie moyenne pondérée (WAL) de ce même actif ne doit pas dépasser 18 mois. Point essentiel : à la lecture de ces critères, c’est in fine aux commissaires aux comptes des entreprises d’établir si un fonds peut être ou non estampillé cash equivalent.
L’intérêt pour ce type de produits a d’abord émané des corporates dont beaucoup, au-delà de la recherche de performance, exigent des supports suffisamment sécurisés au regard des normes comptables. Plus récemment, convaincus de la sécurisation du cadre d’investissement et en dépit du fait qu’ils ne soient pas soumis à IAS7, les investisseurs institutionnels les ont aussi intégrés pour leurs portions les plus longues de trésorerie, contribuant aussi à leur succès.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir