Le commerce extérieur chinois connaît une détérioration lente, ce qui pouvait, jusqu’il y a quelques mois, apparaitre comme un trou d’air passager est devenu une tendance.
Par Christophe Granier, CCE France*
Au-delà des variations saisonnières, les données annuelles cumulées font désormais apparaître une baisse parallèle du total des importations et des exportations pendant 2 années consécutives : octobre 2016 est en baisse comparé à octobre 2015, qui était lui-même en baisse par rapport à octobre 2014.
Concernant les importants, les statistiques exprimées en dollars américains de l’Administration générale des Douanes chinoises indiquent que le mois d’octobre 2016 est le plus bas depuis 5 ans (-2% sur 1 an). Sur les 10 premiers mois de l’année, la chute est de 7,6% en monnaie nationale.
Au niveau des exportations (-7,3% sur 1 an), la baisse tendancielle est visible depuis 4 ans. Ces exportations restant supérieures d’environ 20% aux importations, le solde courant de la Chine augmente. Sur les 10 premiers mois de l’année, les exportations ont baissé de 7,7% en valeur CNY.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir
Parmi les causes, la stagnation relative de l’activité destinée à l’export joue un rôle sur la baisse des importations, à commencer par la demande d’énergie et de matières premières par la Chine manufacturière, tandis que la baisse de la consommation de produits fabriqués en Chine par des pays étrangers à la croissance ralentie influe sur l’export. L’usine du monde n’a pas encore totalement déménagé.
Cette tendance baissière peut apparaitre comme relativement modeste mais elle touche durement quelques acteurs économiques, en premier lieu les transporteurs maritimes. Elle intervient de plus dans une économie qui continue à croître entre 6 et 7% par an, et la part relative du commerce transfrontière dans la richesse nationale s’en trouve donc très largement affectée.
Le phénomène n’est pas à négliger car il est nouveau pour la Chine moderne et sans doute annonciateur d’évolutions structurelles. Le pire de la crise mondiale semblant passé, la permanence de cette baisse sur une durée anormalement longue - si on la compare par exemple à celle de 2008 - peut marquer le début d’une réelle correction du modèle économique chinois, moins axé sur le commerce extérieur et sans que la consommation intérieure en hausse augmente massivement l’importation de biens étrangers. Seule une perspective sur une durée plus longue montrera si une mutation réelle des termes de l’échange verra l’apparition graduelle de rétro-importations en provenance d’acteurs économiques chinois installés à l’étranger.
*Conseillers du Commerce extérieur : réseau de 4000 chefs d’entreprise et experts de l’international, choisis pour leur compétence, au sein de l’équipe de France de l’export et au service du développement de la France. Présents dans toutes les Régions en France et dans plus de 140 pays.