Par Michaël Aflalo, Directeur des Gestions chez BFT IM
Depuis quelques semaines, les investisseurs ont décidé de « voir le verre à moitié plein ». La dernière enquête, « The Fund Manager Survey », publiée par Bank of America Merrill Lynch abonde dans cette direction : les actions sont redevenues une classe d’actifs prisée par les investisseurs.
En tête des préférences exprimées dans cette enquête, nous retrouvons les marchés japonais et américains. A l’inverse, l’Europe reste boudée par les investisseurs. En dépit d’une conjoncture en amélioration et d’une BCE toujours accommodante (+540 Mds € de Q.E supplémentaire), l’accumulation des incertitudes politiques et la lourdeur du calendrier électoral prévu pour 2017 tiennent à distance les opérateurs des marchés européens.
L’inversion de style constatée depuis la fin de l’été, profite aux titres « value », et en particulier à deux secteurs : les ressources de base et les banques. La santé, la technologie, et la consommation courante sont, en revanche, sous-pondérées dans les allocations. Cette rotation sectorielle reflète la remontée des anticipations de croissance et d’inflation chez les investisseurs. Près de 57% d’entre eux jugent que la croissance mondiale est en augmentation (un plus haut depuis 19 mois) et 84% estiment que l’inflation poursuivra son ascension (retrouvant les plus hauts atteints par l’enquête en juin 2004).
Cette enquête révèle que les stratégies jugées les plus attractives sont les positions acheteuses sur le dollar et dans une moindre mesure sur le crédit européen et américain. Elle fait également ressortir que le risque politique constitue la principale source d’incertitude. Cela ne doit guère surprendre au regard de la multiplication des rendez-vous politiques en Europe d’une part : activation de l’Article 50 au Royaume-Uni, élections présidentielles en France, élections législatives en Allemagne, et de possibles élections anticipées en Italie. D’autre part, l’année 2017 sera marquée par l’investiture de Donald Trump le 20 janvier et la « possible » mise en œuvre de sa politique de relance budgétaire.
L’autre facteur de risque majeur pour les investisseurs réside dans l’occurrence d’une remontée plus soutenue qu’escomptée des taux d’intérêt à long terme. En dépit de la poursuite de la normalisation de la politique monétaire américaine de nombreux investisseurs s’inquiètent du timing de celle-ci compte tenu des tensions inflationnistes. Cette inquiétude est renforcée par de possibles effets de second tour qui pourraient survenir à la suite de hausses de salaire et qui pèseraient par ailleurs sur la profitabilité des entreprises.
Le mois est également marqué par la « volte-face » vis-à-vis des classes d’actifs émergentes. La remontée des taux longs ainsi que celle du dollar représentent des facteurs de risque significatifs pour les marchés émergents, les flux vers cette zone géographique sont en très nette diminution.
En termes d’allocations d’actifs, nos convictions d’investissements s’expriment principalement sur le crédit européen et dans une moindre mesure sur les actions, où nous maintenons une exposition prudente et diversifiée. Sur la période récente, nous avons allégé nos positions sur les stratégies de « minimum variance » ainsi que sur l’immobilier européen particulièrement touché par la hausse des taux récente. De plus, nous avons initié une position sur le secteur bancaire européen et sur les actions de petite capitalisation en Europe. En parallèle, nous scrutons d’éventuels points d’entrée sur le marché du crédit américain.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir