Jorry Rask Nøddekaer, gérant du fonds Nordea 1 - Emerging Stars Equity, analyse les perspectives des marchés actions émergents et commente quelques-unes de ses idées d’investissement.
L’impact du resserrement monétaire américain ne devrait pas générer de turbulence majeure pour les marchés émergents. L’enjeu pour la Reserve fédérale, qui vient de remonter son principal taux directeur de 25 points de base à 0,75%, est de ne pas emmener trop haut, trop rapidement, les taux d’intérêt américains.Ce cycle progressif éloigne le scenario d’un ‘Taper Tantrum’, comme ce fut le cas en 2013, ou de forte correction des marchés obligataires, à l’image du resserrement monétaire de la Fed en 1994.
Si la hausse du dollar et la remontée des taux américains peut générer des flux de capitaux sortants sur les marchés émergents (les investisseurs arbitrant en faveur des actifs américains, dont le couple rendement-risque gagne en attractivité), le renchérissement du billet vert comporte aussi un aspect favorable : « n’oublions pas que la hausse du dollar par rapport aux devises locales apporte mécaniquement du pouvoir d’achat aux pays émergents exportateurs. C’est un gain de compétitivité commerciale » explique le gérant.
Valorisations attrayantes et révision à la hausse des croissances bénéficiaires
L’équipe de Nordea AM maintient ses perspectives positives, à moyen-long terme, pour les actions des marchés émergents. Dans l’ensemble, les niveaux de valorisation au sein de l’indice MSCI Emerging Markets restent attractifs. « Les cours sont encore relativement modestes, même en ce qui concerne les titres de grande qualité. Le sentiment négatif des investisseurs à l’égard des marchés émergents depuis 2014, a été excessif au regard de fondamentaux qui restent bien orientés ».
Plusieurs catalyseurs s’inscrivent en soutien des marchés émergents, parmi lesquels les réformes économiques et structurelles menées dans plusieurs pays, comme en Chine, Inde, Mexique ou Brésil. Alors qu’elles étaient essentiellement structurées autour de la production manufacturière et de matières premières, ces économies deviennent peu à peu des économies de services. « La Chine a, depuis 5 ans, fait évoluer son modèle économique, désormais tourné vers davantage de consommation intérieure. Cette transition profite particulièrement aux valeurs issues des secteurs du e-commerce, de l’information, des technologies et de la santé », précise Jorry Rask Nøddekaer.
Par ailleurs, les entreprises des marchés émergents semblent renouer avec une certaine discipline des dépenses d’investissement, permettant de meilleures perspectives de marges bénéficiaires et de retour sur capital investi dans le futur. « Les bénéfices par action sont encore faibles, actuellement, au sein des marchés émergents. Nous estimons par conséquent qu’il existe une forte probabilité de révision à la hausse des croissances bénéficiaires au cours des prochains trimestres ».
Les investisseurs devront néanmoins rester attentifs aux facteurs de risque auxquels sont exposés les économies émergentes. A court et moyen terme, la volatilité va rester élevée en raison de risques globaux, essentiellement politiques, entre les conséquences du Brexit, les incertitudes autour du programme économique de Donald Trump aux Etats-Unis ou l’instabilité gouvernementale au Brésil.
Une approche sélective pour capter de la croissance structurelle
Dans le cadre du fonds Nordea 1 – Emerging Stars Equity, l’équipe déploie une stratégie d’investissement combinant une approche « bottom-up », visant à identifier les entreprises issues des économies émergentes qui seront les leaders de demain, et une évaluation extra-financière, via l’analyse des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).
Jorry Rask Nøddekaer affiche des convictions de long terme : « nous recherchons de la croissance structurelle, et privilégions les entreprises capables de tirer durablement parti de tendances sociodémographiques, de la mondialisation et des évolutions technologiques ».
En termes de stratégie d’investissement, une approche sélective des marchés, titre par titre, est privilégiée. « Nous identifions des cas d’investissement intéressants dans différents segments d’activité, comme l’e-commerce, les semi-conducteurs, les services financiers, la santé ou la consommation discrétionnaire ». Aujourd’hui, l’équipe surpondère notamment les valeurs chinoises issues de la « nouvelle économie », les valeurs technologiques taïwanaises, les valeurs de la consommation et du secteur financier au Mexique et les valeurs argentines, dont les valorisations sont particulièrement attrayantes.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir