2016 : Zones de tensions politiques, excès d’épargne et résilience européenne - La croissance économique mondiale devrait atteindre son plus bas niveau depuis la crise à +2,4%.
2017 : Coups de pouces publics, montée du protectionnisme et de l’incertitude - Pour la 7ème année consécutive, elle restera bloquée sous le seuil des 3%
La faiblesse des prix a mis sous pression la croissance nominale, les chiffres d’affaires et le commerce, qu’il soit domestique ou international.
- Les défaillances d’entreprises, pour la première fois depuis 2009, sont attendues à la hausse en 2016. Les grosses entreprises seront les plus impactées.
- Le commerce mondial en volume devrait croître de +2,1% en 2016, mais la valeur des biens échangés devrait se contracter de -2% vs 2015. En 2017, le commerce mondial ne devrait croître que de +3,1%.
- En France, la reprise économique se dessine. L’accélération de la croissance a été freinée en 2016 (+1,3%) par une série de chocs défavorables (attentats, grèves, intempéries, chocs externes, etc), mais la dynamique est enclenchée, et se confirmera en 2017 (+1,4%).
« L’évolution des politiques publiques, relative aux élections de 2016 et de 2017, devrait donner un coup de pouce à la croissance et au commerce », explique Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes. « De manière générale, la croissance s’est montrée résiliente en 2016, mais les nombreuses turbulences locales observées pourraient affecter plus durablement l’économie mondiale. La volatilité financière, l’incertitude politique, et les perturbations structurelles secouant le commerce mondial et le secteur des matières premières marqueront encore le quotidien des entreprises en 2017. »
2016 : Zones de tensions politiques, excès d’épargne et résilience européenne
L’année 2016 a été le théâtre de nombreuses tensions politico-économiques : la crise boursière en Chine, l’effondrement du cours du pétrole sous les 20 USD, la destitution présidentielle au Brésil, le vote du Brexit, la tentative de coup d’Etat en Turquie, et la surprenante issue des élections américaines, entre autres. Le référendum constitutionnel prévu en Italie, en décembre, pourrait délivrer une nouvelle surprise électorale.
Les exportateurs et le secteur des matières premières sont sous pression. La chute du cours des matières premières a redistribué les cartes entre exportateurs et importateurs, tout comme les politiques monétaires accommodantes ont changé les règles du jeu entre consommateurs et épargnants. L’épargne de précaution est un motif d’inquiétude : les investisseurs continuent leur recherche d’investissements sûrs, les entreprises et les consommateurs gardent leur argent au chaud. Ces excès grandissant d’épargne reste un défi à relever, et un frein à l’investissement. 7 000 Mds$ restent bloqués dans la trésorerie des entreprises, dont 2 000 Mds$ aux Etats-Unis. Dans le même temps, la contraction du crédit se propage dans les marchés émergents.
De nombreux pays ont vu leur policy-mix handicapé par une monnaie se dépréciant rapidement et des finances publiques mal en point. Ce n’est pas le cas de l’Europe, la zone euro s’étant avérée assez solide pour rétablir le bon fonctionnement du marché du crédit.
2017 : Coups de pouces publics, protectionnisme et incertitude pour l’investissement privé
Les gouvernements récemment élus dans différents pays (France, Allemagne, Pays-Bas, Etats-Unis, etc) pourraient insuffler une nouvelle dynamique à l’économie mondiale. De nouvelles mesures fiscales pour soutenir la croissance, des politiques monétaires erratiques pour faire face à la reflation américaine, et des politiques industrielles renforcées (réformes structurelles, innovation et soutien financier) pourraient changer la donne pour bon nombre d’entreprises. Les administrations les plus passives seront les plus exposées aux fuites de capitaux et aux turbulences provenant de l’extérieur.
En 2017, la croissance du commerce mondial à +3,1% devrait être de moitié inférieure à sa moyenne de long terme. Cette situation trouve sa source, entre autres, dans les chocs de demande (crises actuelles au Brésil et en Russie), l’ajustement structurel de la demande (rééquilibrage de la Chine, autonomie énergétique aux Etats-Unis), le durcissement de la politique monétaire américaine impliquant des dépréciations de devises, et la hausse des coûts d’importations. Par ailleurs, la tendance à l’isolationnisme est croissante, en témoigne le nombre de mesures protectionnistes enregistrées au premier semestre 2016 (plus de 350).
Alors que les perspectives futures se détériorent, la légère reprise de l’investissement privé observée en 2016 pourrait être compromise. La dette se creuse et la trésorerie s’accumule, mettant ainsi en lumière le contraste existant entre richesse disponible et frilosité des entreprises.
« La croissance est restée résiliente cette année. Mais cette résilience n’est pas suffisante pour freiner la hausse des défaillances d’entreprises », ajoute Ludovic Subran. « En 2016, les défaillances devraient augmenter dans la plupart des pays émergents et aux Etats-Unis, mais décroître en Europe Occidentale. A l’échelle mondiale, elles devraient augmenter de +1% en 2016, pour la première fois depuis la crise financière de 2009. Même si le nombre de défaillances d’entreprises n’augmentera pas de manière significative, les faillites de grosses entreprises seront en hausse, et les délais de paiement ne devraient pas se contracter. »
Focus France : la reprise économique se dessine
En 2016, des vents contraires ont contrarié l’accélération de la croissance française (+1,3%). Les attentats perpétrés en 2015 et 2016 ont pesé sur le tourisme, et la consommation des ménages a été altérée par un rebond du cours du pétrole impliquant un léger mouvement de reflation. Mais la reprise tant attendue est bien là, et se manifestera davantage en 2017 (+1,4%).
« En 2016, sans un série de chocs défavorables (attentats, grèves, intempéries, etc), la reprise aurait pu être plus franche. Mais malgré ces évènements, l’économie française se porte mieux. La confiance des ménages est de retour, et sera déterminante pour la croissance en 2016 et 2017. Elle se signale par la hausse de l’investissement des ménages dans l’immobilier, attendue à +1,5% en 2016, et à +3,4% en 2017, contre -0,8% en 2015. Elle soutient aussi la consommation des ménages, qui a su résister aux aléas de l’année écoulée, et devrait croître de +1,6% en 2016 et de +1,9% en 2017, contre +1,5% en 2015 », détaille Stéphane Colliac, économiste France chez Euler Hermes.
Seul l’investissement des entreprises françaises restera décevant. Affecté par divers chocs externes, comme les volontés protectionnistes du nouveau président américain, ou encore le Brexit, sa croissance sera limitée à +1,7% en 2017, après +3,3% en 2016 et +2,9% en 2015.
Le vote du Brexit aura d’ailleurs un impact considérable sur la demande supplémentaire adressée à la France l’année prochaine. « Avant le référendum, le Royaume-Uni se positionnait comme la deuxième destination à l’export pour la France en 2017, avec une croissance des exportations estimée à +6,1 Mds€. Mais le Brexit a redistribué les cartes. Avec la sévère dépréciation de la livre sterling, qui devrait engendrer une contraction des importations britanniques, nous estimons que les exportations françaises vers le Royaume-Uni ne croîtront finalement que de +0,5 Md€ en 2017 », confirme Stéphane Colliac. Soit un large manque à gagner de +5,6 Mds€ pour les exportateurs français.
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