Les recherches menées par l’équipe de gestion quantitative actions de Candriam montrent qu’il est possible de réduire fortement l’empreinte carbone d’un portefeuille sans en altérer significativement les caractéristiques financières de risque et de rendement.
Le point avec Tanguy Cornet, Responsable adjoint de la gestion Quantitative Actions de Candriam Investor Group
Suite à une récente décision du Parlement européen, l’Accord de Paris a pu entrer en vigueur plus rapidement que prévu. Ce coup d’accélérateur à la mise en œuvre du programme de limitation du réchauffement climatique devrait se traduire par une réglementation encore plus contraignante en matière de décarbonisation, pour les entreprises et pour les investisseurs institutionnels.
La politique irait-elle plus vite que la musique ?
Minimiser les émissions de gaz à effet de serre, principales responsables du réchauffement climatique, implique de savoir les mesurer. Or, à l’heure actuelle, à peine la moitié des entreprises cotées en bourse fournissent des indications complètes sur leurs émissions de CO2. De plus, leurs méthodes de mesure ainsi que les périmètres considérés varient fortement, ce qui rend toute comparaison très aléatoire. Par ailleurs, au niveau des investissements, divers fournisseurs proposent des mesures d’empreinte carbone mais leurs données demandent souvent à être retravaillées.
Le programme environnemental des Nations unies définit à l’heure actuelle 3 indicateurs d’empreinte carbone. Deux d’entre eux permettent de véritables comparaisons : ce sont les ratios d’empreinte. Le premier rapporte les émissions de CO2-eq au montant investi dans chaque entreprise, et le second les ramène à leur chiffre d’affaires. Mais cette quantification peut induire en erreur.
Prenons le cas de l’énergéticien finlandais Fortum Oyj : il vend son électricité à un prix réglementé qui, selon les cas, peut atteindre la moitié de celui pratiqué par le distributeur anglais SSE Plc. Or, qui dit prix de vente inférieur, dit chiffre d’affaires comparativement plus bas et, par conséquent, ratio d’empreinte sur chiffre d’affaires plus élevé (plus le dénominateur est petit, plus le ratio mesuré est grand). Sur ce seul critère, Fortum paraît donc plus « pollueur » que SSE. Mais ce ratio ignore totalement le fait que le Finlandais produit une électricité qui émane, pour l’essentiel, de sources à faibles émissions de carbone !
La mesure d’empreinte se complique encore si l’on y ajoute la problématique de son périmètre. Le GHG Protocol (Green House Gas Protocol), dont le but est d’harmoniser la lutte contre le changement climatique à l’échelle mondiale, a établi 3 périmètres demesure des émissions, les « scopes ». Si les deux premiers posent relativement peu dedifficultés, la complexité du 3ème fait qu’il n’est tout simplement pas pris en compte parcertains acteurs ou seulement estimé en partie.
Or, le poids des émissions imputables à ce 3ème périmètre pouvant être très important, l’ignorer risque de conduire à des évaluations incorrectes. En outre, l’affectation des émissions par périmètre peut donner lieu à un comptage multiple pour une même émission. Par exemple, le résultat de la combustion d’une même tonne d’énergie fossile pourra être comptabilisé trois fois : en périmètre 3 pour une société minière, en périmètre 1 pour l’exploitant d’une centrale électrique et en périmètre 2 pour l’entreprise qui achète cette énergie !
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Comprendre l'économie durable pour s'y investir