Par Damien Grulier, Responsable de l’Analyse des Risques des OPC et de l’Analyse Quantitative
Selon un récent sondage publié par Invesco Powershares, 71% des investisseurs interrogés ont déclaré vouloir augmenter leur allocation en véhicules implémentant des stratégies dites « Smart Beta ».
Si l’investissement en facteurs de risque devient effectivement de plus en plus populaire, il regroupe des stratégies bien différentes et nous verrons qu’il n’absout pas les gérants de faire les bons choix dans leur allocation.
Centrés sur les actions, les premiers véhicules smart beta se sont concentrés sur les facteurs de risque les plus étudiés académiquement (Value, Qualité, Faible volatilité…) en proposant des investissements Long Only contenant toujours un biais traditionnel directionnel marché. Aujourd’hui, les fonds « Risk premia » permettent d’investir des primes de risque censées être non directionnelles sur toutes sortes de classes d’actifs des plus traditionnelles (actions, taux) aux plus exotiques (volatilité, matières premières).
En fait, aucune des sous-stratégies présentes dans ces fonds ne surperforme systématiquement. Certains facteurs de risque peuvent même décevoir pendant des années. Sur les actions, c’est le cas du facteur value qui a largement sous-performé en Europe entre 2008 et 2015 après une longue période de surperformance la décennie précédente. L’investisseur doit donc être capable, paradoxalement, de choisir de manière discrétionnaire les facteurs de risque les mieux adaptés au marché et à la position dans le cycle.
Les dernières semaines ont confirmé l’importance du cycle macroéconomique sur la performance des différents facteurs de risque : les valeurs de qualité, à faible risque et de croissance ont fortement sous performé le marché quelle que soit la zone géographique examinée. Cette sous-performance est due à la conjonction de plusieurs phénomènes : un Brexit moins impactant que prévu sur l’économie mondiale et également des perspectives d’inflation revue à la hausse un peu partout qui ont impacté négativement les secteurs à forte visibilité (biens de consommation par exemple) et positivement les valeurs financières.
Sans remettre en cause les nombreuses recherches académiques qui ont examiné l’anomalie de la faible volatilité et la surperformance des valeurs de qualité sur le long terme, la période récente nous montre l’intérêt de la diversification au niveau des facteurs de risque mais également l’importance de l’analyse macroéconomique pour le choix des primes de risque à implémenter dans un portefeuille afin de surperformer de manière régulière.
Tout cela vient confirmer qu’il n’y a décidément pas de free lunch en finance de marché !
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