Selon Eulers Hermes, la région de la Mer Caspienne - qui englobe le Caucase (Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie), l'Asie Centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan, Ouzbékistan), l'Iran, la Russie et la Turquie - devrait connaitre en 2016-2017 une nouvelle période de ralentissement économique. Eulers Hermes estime que la croissance de la région sera limitée à +2,6% en 2016-2017. « La performance économique de la région de la Mer Caspienne a été lourdement impactée par la montée des risques géopolitiques, la grave récession en Russie et l’effondrement des prix des matières premières », explique Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes.
Trois grandes turbulences secouent l’équilibre de la région…
1/ Un climat d’incertitudes géopolitiques pesant
Depuis plusieurs années, la région est fortement soumise à la montée des risques géopolitiques, émanant particulièrement de trois pays. Tout d’abord, la Russie et l’Iran, qui subissent, en plus de la chute des prix des matières premières, de lourdes sanctions économiques occidentales. « L’Iran est entrée en récession en 2012-2013, mais la levée partielle des sanctions en 2016 pourrait doper la croissance, attendue à +3% en 2016 et à +4,5% en 2017 », développe Ludovic Subran. « En cas d’assouplissement des sanctions en 2017, la situation russe pourrait aussi s’améliorer : après une sévère contraction constatée en 2015 (-3,7%), l’impact des mesures devrait s’affaiblir en 2016 (-0,9%), et nous anticipons une reprise modeste en 2017 (+1%). »
La Turquie, quant à elle, est soumise à d’importantes perturbations politiques, en témoigne le coup d’Etat militaire avorté en juillet 2016. Les perspectives économiques du pays en pâtissent directement. « La baisse de l’investissement étranger et domestique, découlant de cette période d’incertitudes politiques, affecte l’économie turque. Par conséquent, nous avons revu notre prévision de croissance à la baisse pour 2017, à seulement +3% », confirme Ludovic Subran.
2/ Une contagieuse récession russe
Par ailleurs, la crise économique traversée par la Russie affecte directement les autres pays de la région de la Mer Caspienne. « Plusieurs économies de la région dépendent fortement des importations russes. Et en 2014, lorsque le ralentissement de la Russie s’est accéléré, les exportations de l’ensemble de la région se sont effondrées », expose Ludovic Subran. La chute la plus brutale a été observée en Arménie, dont les exportations vers la Russie représentaient 23% du total des exportations en 2013.
Les pays de la région profitent aussi des transferts de fonds des travailleurs émigrés en Russie. Ils sont particulièrement importants pour le Tadjikistan, où ils représentaient 49% du PIB en 2013, le Kirghizistan (28%) et l’Arménie (14%). La récession russe a eu pour effet immédiat la chute des transferts de fonds depuis la Russie vers ces pays.
3/ Une faiblesse durable du prix des matières premières
La région de la Mer Caspienne est une grande exportatrice de matières premières : dans 7 des 11 économies caspiennes, les exportations de matières premières représentent au moins 75% des exportations totales ; dans 2 autres pays, cette part est de l’ordre de 50% ; et dans les 2 derniers, elle est d’environ 30%.
« Les pays les plus impactés par la faiblesse durable du prix des matières premières sont indiscutablement les pays producteurs de pétrole. A +5,5% entre 2010 et 2013, leur croissance moyenne a ralenti à +3,7% en 2014-2015. En ce qui concerne les importateurs nets d’énergie, le cours du baril ayant chuté plus fortement que celui des autres matières premières, leur croissance a été moins exposée (de +5,5% sur 2010-2013 à +4,1% sur 2014-2015) », assure Ludovic Subran.
… Mais des perspectives encourageantes subsistent
Malgré ce contexte peu favorable, de réelles opportunités de développement pour les entreprises de la région existent, et elles seront encore plus importantes une fois que les turbulences évoquées se seront estompées.
Le climat des affaires en constante amélioration
L'enquête annuelle « Doing Business » de la Banque mondiale montre en effet une amélioration de la perception des conditions d’affaires dans quasiment tous les pays de la région de la mer Caspienne au cours de la dernière décennie. La plupart des pays se classent aujourd'hui au-dessus de la moyenne mondiale, ce qui devrait contribuer à rassurer les investisseurs et permettre d'attirer plus d'investissement direct étranger, particulièrement lorsque l'incidence des perturbations susvisées se sera dissipée.
De la Russie à l’Iran, une diagonale à redécouvrir
Autre motif d’espoir, l’éventuelle mise en place d’un couloir de transport Nord-Sud, reliant la Russie à l’Inde, en passant par l’Iran. L’objectif est de réduire les coûts de transports, et de stimuler le commerce dans les zones desservies. « Ce projet sous-entend un investissement considérable, qui sera certainement profitable à la région. L’Iran et l’Azerbaïdjan seront aux premières loges, et peuvent par exemple espérer une amélioration de leurs infrastructures de transports », conclut Ludovic Subran.
Plus d’information: www.eulerhermes.com
Comprendre l'économie durable pour s'y investir