Bien connu des parieurs ou des sportifs de haut niveau, le phénomène dit de « la main chaude » est une phase variable de chance insolente pendant laquelle tout semble nous réussir. Transposé à la finance ce phénomène permettrait à un gérant d’enchaîner les bonnes décisions d’investissement sans jamais se tromper.
Par Cyrille Geneslay, gérant allocataire chez CPR AM
Dès lors la tentation est forte de trouver ces rois de la chance, ces maîtres du destin, capables quelles que soient les configurations de marché de générer une forte surperformance de ses portefeuilles. Mais aussi séduisante que soit cette théorie, elle se heurte à deux barrières presque infranchissables.
La première est temporelle, car la « main » fi nit toujours par se refroidir, entraînant une période plus ou moins longue de disette dont le contraste est d’autant plus violent que la main fut chaude longtemps. La seconde est statistique car malheureusement la théorie de la main chaude n’a pas survécu à l’épreuve du réel, bien au contraire.
L’ensemble des études réalisées montrent que le phénomène est purement illusoire dépendant d’un biais cognitif nous poussant à nous souvenir plus facilement des choses positives que des éléments négatifs. C’est pourquoi, en dépit de mois parfois difficiles, nous maintenons notre approche en multi-scénarios probabilisés, seule approche capable, lorsque notre imagination ne nous fait pas défaut, d’assurer un bon comportement de nos portefeuilles même dans les phases les plus extrêmes de marché.
Pour la fin de l’année, nous anticipons trois scénarios de marché.
Notre scénario central de « croissance mondiale médiocre » anticipe le maintien de la croissance en deçà de 3% pour l’année 2016. Dans ce scénario, le potentiel de rebond des marchés actions est faible et les taux devraient se tendre doucement.
A la veille d’une élection qui pourrait être capitale les « risques politiques aux Etats-Unis » sont la base de notre deuxième scénario. Les marchés, toujours fébriles, pourraient être effrayés dans un premier temps par l’élection du candidat républicain et le durcissement prévisible des relations internationales qui en découlerait.
Enfin notre troisième et dernier scénario est basé sur le ralentissement possible des achats d’actifs par la BCE. Ce « tapering » prématuré du vieux continent pourrait avoir des conséquences divergentes en fonction des zones. Les taux remonteraient de façon assez marquée, les marchés actions oscilleraient entre -2,5 et +5% en fonction des zones.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir