« La tendance va définitivement s’inverser », analyse Cafpi, leader du marché des courtiers en crédits.
Si aujourd’hui les taux de crédits que les banques nous proposent pour les meilleurs profils d’emprunteurs sont globalement encore à la baisse, le taux moyen pratiqué en ce début novembre est, lui, en hausse. Le record historique des taux bas est donc encore battu, mais pour la dernière fois !
Une hausse annoncée
Les banques l’ont dit, courant novembre elles relèveront leurs taux. Plusieurs raisons expliquent cette décision. En premier lieu, les OAT connaissent une franche remontée. Alors que son taux s’établissait à 0,34% en début de mois, il a déjà augmenté de 0,49% pour atteindre 0,83% au lendemain des élections américaines. « Première conséquence du programme de son nouveau président, Donald Trump, les craintes d’une poussée inflationniste outre-Atlantique ont fait grimper le taux d’emprunt à 10 ans des Etats-Unis, entraînant dans son sillage les marchés obligataires européens. » explique Philippe Taboret, Directeur Général Adjoint de Cafpi.
Les banques cherchent à retrouver du souffle
Les volumes de crédits souscrits cette année ont permis aux banques de remplir leurs objectifs. Si elles cherchent toujours à capter une nouvelle clientèle avec leurs taux de crédits immobiliers, la hausse des OAT les fragilise.
Alors qu’elles sont déjà en difficultés pour des raisons réglementaires - elles viennent de finir d’intégrer les règles de Bâle III et se préparent déjà à subir celles de Bâle IV - les lois Hamon, déjà appliquée, et Sapin II, qui arrive, vont également rogner leurs marges sur l’assurance emprunteur.
Elles sont de plus directement concurrencées par les nouveaux acteurs du e-banking. Afin de préserver leurs marges, elles se trouvent donc contraintes d’augmenter leur taux, même si cette hausse devrait rester assez faible, pour atteindre +0,5% d’ici la fin de l’année.
La tendance va définitivement s’inverser
La hausse des taux était prévisible et prévue. Cette tendance, qui va apparaître dans les prochaines semaines, devrait se confirmer début 2017 notamment sous le coup de la modification de la politique des QE de la FED, la banque centrale américaine, et une probable réorientation de la politique de la BCE.
Pas de risque à court terme
Cette hausse des taux ne devrait pas avoir d’incidences fortes sur le marché. Elle ne sera pas suffisamment importante pour désolvabiliser les emprunteurs, d’autant que les prix devraient, eux, rester raisonnables. « Il se pourrait même qu’elle incite les acheteurs à accélérer leurs projets immobiliers, afin de profiter des taux avant que la hausse ne se fasse trop sentir, » précise Philippe Taboret.
Année record en volumes de crédits
2016 sera une année exceptionnelle pour le crédit immobilier : 230 Mds€ devraient être débloqués sur l’année, contre 220 Mds€ en 2015. Cette hausse vient d’une nette progression du financement de l’accession. En 2016, les taux ont été au plus bas et les prix sont restés stables, améliorant le pouvoir d’achat des emprunteurs qui ont pu engager leur projet immobilier. Les records de taux bas ont également relancé la renégociation de crédits. Revenue à un niveau normal en début d’année, elle devrait approcher les 40% de la production de crédit sur l’ensemble de 2016.
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