Par Thierry Cottet, Directeur des Investissements de Merrill Lynch Bank (Suisse).
Il est recommandé aux investisseurs de se positionner par rapport au « grand mouvement de balancier » des obligations vers les actions, qui devrait intervenir à compter de 2013. Fort des ressources de BofA Merrill Lynch Global Research, nº 1 mondial de l’analyse financière selon Institutional Investor avec quelque 700 analystes dans plus de 20 pays, Thierry Cottet présente les grandes tendances à anticiper pour 2013 en matière d’investissement.
En 2013, les perspectives économiques seraient meilleures qu’en 2012 et offriraient de nouvelles opportunités pour les investisseurs, estime Thierry Cottet. Il constate une multiplication des signes montrant que les efforts de la Réserve Fédérale pour redynamiser l’économie américaine sont fructueux, et prévoit même la possibilité d’une reprise progressive dans la zone euro au cours du second semestre. En outre, BofA Merrill Lynch Global Research anticipe un léger accroissement du PIB chinois de 7,7% en 2012 à 8,1% en 2013. « La croissance devrait commencer à prendre le relais de la politique dans l’esprit des investisseurs cette année », affirme Thierry Cottet. « Cela nous conduit à privilégier les actions par rapport aux obligations en 2013. L’écart de valorisation des deux classes d’actifs n’a pas été aussi favorable aux actions depuis plus de 25 ans, ce qui conforte cette conviction. »
Même si le thème de la croissance prend de l’importance, la politique et les politiques économiques demeureront des facteurs clés en matière d’investissements en 2013. En assurant une liquidité abondante et un environnement de taux d’intérêt constructif, les banques centrales ont soutenu les progrès réalisés en 2012. Ces mesures devraient offrir un cadre favorable aux actions et leur permettre d’enregistrer de meilleures performances.
La demande et les bénéfices des entreprises devraient se redresser en 2013 grâce aux mesures de relance. En Chine la croissance économique s’accélérera progressivement à mesure que les politiques de relance récemment mises en œuvre produisent leurs effets. L’Inde devrait également être mieux lotie cette année, avec une croissance du PIB de 6,5% en 2013, contre une prévision de 5,5% pour 2012.
Les Etats-Unis pourraient réserver de bonnes surprises sur le plan macro-économique, mais l’austérité budgétaire est susceptible de peser sur la croissance du PIB pendant le premier semestre 2013. BofA Merrill Lynch Global Research table sur une progression modeste de 1,6% du PIB, mais la croissance devrait s’accélérer au cours de l’année. Le noyau dur de la zone euro pourrait faire face à un premier semestre difficile en 2013, mais M. Cottet s’attend à un retour de la croissance dans la deuxième moitié de l’année.
Politiques accommodantes des banques centrales, impulsion politique. Thierry Cottet. anticipe une poursuite du programme d’assouplissement quantitatif (QE) par la Réserve Fédérale américaine en 2013 et 2014, et prévoit que la Banque Centrale Européenne (BCE) finira par acheter des obligations souveraines à échéances courtes. Ces mesures ne devraient pas, selon lui, accroître le risque inflationniste en 2013.
Aux Etats-Unis, le problème de « l’impasse budgétaire », qui a été reporté sans avoir été entièrement traité, trouvera une solution bipartisane, les deux partis politiques ayant désormais intérêt à s’entendre. Ethan Harris, Co-directeur mondial des études économiques de BofA Merrill Lynch Global Research, considère que le compromis de dernière minute sera probablement suivi de coupes budgétaires de 250 à 320 Mds$ (1,6 à 2% du PIB US).
En Allemagne, les sondages actuels montrent que la coalition CDU-CSU demeurera le groupe dominant après les élections fédérales de l’automne 2013. Thierry Cottet estime qu’en levant l’incertitude politique, une telle évolution serait une bonne nouvelle pour la zone euro. Toutefois, il reconnaît également l’existence d’un risque de volatilité accrue dans la région au premier semestre 2013 si l’Espagne continue à s’opposer à l’aide extérieure, comme il le prévoit, ou si les élections nationales italiennes conduisent à l’instabilité politique.
La politique jouera également un rôle de plus en plus important dans les pays émergents en 2013. La légitimité et le risque sont susceptibles de peser davantage, les dirigeants crédibles attirant le soutien des investisseurs alors que ceux qui ne le sont pas ne pourront compter que sur les mesures de relance. Soucieuse de gérer ses principaux défis sociaux et de gouvernance, la Chine est susceptible de se trouver entre les deux.
Thierry Cottet prévoit que les actions surperformeront les obligations en 2013. En accord avec le point de vue exprimé par Michael Hartnett, Directeur de la Stratégie des Investissements de BofA Merrill Lynch Global Research, il estime qu’il y a d’ores et déjà suffisamment de bonnes raisons pour commencer à inverser la surpondération des obligations et la sous-pondération des actions dans les portefeuilles. Si l’heure d’un retour de balancier cyclique complet depuis les obligations vers les actions n’a peut-être pas encore sonné, la valorisation des actions n’a jamais été aussi attrayante depuis plus de deux décennies par rapport aux obligations d’entreprises bien notées.
Dans un premier temps, Thierry Cottet recommande les actions à haut niveau de rendement. Cependant, comme le suggère Savita Subramanian, Directeur de la Stratégie pour les Etats-Unis de BofA Merrill Lynch Global Research, il préfère les sociétés avec un historique avéré de croissance du dividende plutôt que celles qui offrent aujourd’hui les meilleurs rendements, ces dernières relevant pour la plupart de secteurs susceptibles de sous-performer.
Les perspectives demeurent défavorables dans le domaine de la dette souveraine et l’appétence des investisseurs pour les obligations de qualité investment-grade devrait être moindre qu’en 2012, même s’il subsiste un potentiel important dans le segment du haut rendement. Le dollar américain devrait surperformer les autres grandes devises en 2013, en particulier l’euro, mais aussi le yen japonais, en raison de fondamentaux économiques plus solides aux Etats-Unis.
2015 et au-delà : le grand mouvement de balancier des obligations vers les actions. Merrill Lynch Wealth Management et BofA Merrill Lynch Global Research prévoient à terme un « grand mouvement de balancier » des obligations vers les actions. « L’excès d’optimisme, les niveaux surachetés et la faiblesse des revenus sur les marchés de taux semblent se conjuguer pour marquer la fin du marché haussier des obligations », a déclaré Thierry Cottet. « A l’inverse, les arguments structurels plaidant en faveur d’une hausse des rendements des actions ne manquent pas. Les entreprises ressortent plus saines et plus robustes de cette crise de longue haleine. Elles ont des bilans plus solides et bénéficient d’une demande mondiale croissante. »
La stratégie de Merrill Lynch Wealth Management EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique) se concentrera sur quatre thèmes qui devraient être les moteurs de la performance des portefeuilles sur les trois prochaines années (« Portfolio 2015 »). Tout d’abord, avec des rendements aussi bas sur le marché monétaire, trouver de nouvelles sources de revenus devient pressant. En second lieu, la consommation se développe dans les pays émergents. Troisièmement, certains actifs délaissés par les investisseurs, tels que les actions européennes, ont été survendus pendant la crise financière et pourraient retrouver grâce aux yeux des investisseurs à mesure que des solutions à la crise européenne se dessinent. Enfin, des améliorations sur le plan de la technologie comme des coûts de l’énergie et du travail viendront soutenir les thèmes associés à la croissance sur plusieurs années. A titre d’exemple, la compétitivité accrue de la main-d’œuvre aux Etats-Unis est susceptible de soutenir le renouveau du secteur manufacturier américain.