Billet mensuel du docteur Leber, fondateur d’Acatis, société de gestion indépendante allemande.
La phase de taux bas, qui a été pendant longtemps masquée par les plus-values élevées des valeurs mobilières, devient une réalité dans les portefeuilles de prévoyance vieillesse. Les assurances réduisent leurs prestations, à l’instar de ce qu’a récemment fait BVV (fonds de pension des banques et services financiers allemands), ou ferment les nouveaux contrats. Quiconque a souscrit une assurance vieillesse, qu’elle soit d’entreprise ou privée, accuse désormais de gros trous dans son plan de prévoyance.
Pour des raisons démographiques, l’État allemand remarque que la retraite par répartition et la prévoyance ne cessent de baisser. Andrea Nahles, ministre fédéral du travail, dont c’est le champ de compétence, le découvre. En abaissant l’âge de départ, elle a réduit les recettes des caisses de retraite et s’aperçoit maintenant avec surprise de la naissance d'un gros trou permanent dans le paiement des pensions.
Les conséquences ? A notre avis, il y en a trois :
1/ Réduire les exigences : il y aura moins d’argent que ce que l'on espérait initialement. Il va falloir s’y habituer.
2/ Travailler plus longtemps : une population qui vit plus longtemps doit également travailler plus longtemps. La relation entre les cotisants et les bénéficiaires doit évoluer dans le cadre d’une certaine amplitude et cela signifie tout simplement qu'il faut retarder les départs à la retraite.
3/ Sortir des systèmes de placement publics et investir dans des titres d’entreprises (actions, titres obligataires). Nous ne comprenons de toute façon pas pourquoi les investissements dans des entreprises seraient moins sûrs que ceux dans des obligations d’État italiennes.
La politique de taux bas, qui n’est pas un hasard et qui a provoqué toute cette pagaille au niveau des investissements, ainsi que la future pauvreté des retraités, se traduit par des distorsions énormes et a peu d'utilité.A quelques exceptions près, le temps ainsi acheté n’a pas été mis à profit :
1/ Les États européens n’ont toujours pas appris à se suffire de l’argent qu’ils collectent.
2/ La reprise conjoncturelle visée est plus modérée que ce l’on serait en droit d’espérer au vu de l’argent peu cher. Le chômage reste élevé et la zone euro est toujours aussi mal construite.
3/ Les banques ne sont guère plus saines que juste après la crise financière. La politique de taux bas les prive de revenus importants. Elles se consument. Les appréhensions des dernières semaines relatives à Deutsche Bank et Commerzbank montrent bien que toutes les mesures de stabilisation des dernières années n’ont pas fait augmenter la confiance dans ces établissements.
Il n’est pas très difficile de concevoir une politique financière, économique et environnementale sur la base de principes relevant de l’économie de marché. Mais ce n’est pas l’objet du présent billet. Il est essentiel de reconnaître que, lors de la prochaine et longue phase de pauvreté des personnes âgées, les systèmes publics, conçus par les pouvoirs publics, ne tiendront pas, que les exigences devront être revues à la baisse et la contribution personnelle à la hausse et que la seule voie de « sauvetage » est dans l’activité des entreprises. Pour l’investisseur, ce sont des placements en actions et obligations d’entreprises, de préférence au sein de fonds d’investissement. Chez Acatis, nous serions volontiers les chauffeurs de votre véhicule d’investissement !
Comprendre l'économie durable pour s'y investir