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Espagne : la dynamique de la reprise s’émoussera en 2017

L’analyse de Miguel Cardoso, Chef économiste Espagne de BBVA Research

Si La croissance espagnole a été au rendez-vous en 2016, elle ralentira l’an prochain. L’influence des reports de consommation, liés à la crise qui avait touché fortement le pays après 2009, s’épuise etle Brexit aura un impact, certes limité, mais réel sur le niveau des exportations. Malgré cette inflexion de tendance, l’Espagne pourra compter sur une activité touristique particulièrement bien orientée et des conditions d’emprunt favorables.

La révision en hausse de la croissance du PIB espagnol en 2016 est confirmée mais plusieurs éléments pointent un ralentissement en 2017. Ainsi, la croissance devrait atteindre 3,1% cette année et 2,3% l’an prochain. Cela signifie une révision à la hausse de 0,4 point de PIB pour 2016 et une révision à la baisse de 0,4 point pour 2017 au regard des perspectives publiées il y a 3 mois. Bien que les indicateurs ne laissent pas entrevoir un ralentissement si rapidement, des risques internes et externes devraient se matérialiser au cours des prochains trimestres. Dans tous les cas, nous attendons la poursuite de la reprise et des créations d’emplois, étant donné l’impulsion donnée par la politique monétaire. Cependant, la vulnérabilité de l’économie espagnole devient inquiétante. Les politiques à mettre en œuvre au cours des prochaines années doivent être redéfinies de toute urgence.

Au 2ème trimestre, la progression du PIB de 0,7% d’un trimestre à l’autre a dépassé la prévision de BBVA Research en mai (+0,6%). Par ailleurs, les éléments disponibles à la date de publication renforcent la probabilité d’un taux de croissance supérieur au 3ème trimestre, atteignant 0,9% selon le modèle MICA-BBVA. La vigueur de la demande domestique, portée par le marché immobilier, reste l’élément principal derrière cette dynamique, malgré le niveau élevé de la volatilité, le mouvement baissier des marchés financiers et l’absence de visibilité sur la politique économique menée.

A court terme, les effets du Brexit sur l’économie espagnole seront limités (entre 0,3 et 0,4 point de PIB en 2017). A cet égard, le commerce extérieur et la finance (la volatilité des marchés) seront les deux principaux canaux de transmission. Concernant les échanges avec la Grande-Bretagne, l’exposition de l’Espagne n’est pas aussi élevée que la plupart des autres pays européens. Cependant, certains secteurs (agroalimentaire, automobile, produits chimiques et tourisme) ainsi que certaines régions (Aragon, Baléares, Canaries, Valence, Rioja, Murcie et Navarre) pourraient être particulièrement touchés. La chute attendue de la demande britannique et la dépréciation de la livre contre l’euro vont tirer vers le bas la croissance des exportations au cours des prochains mois. Par ailleurs, le vote sur le Brexit a permis à la volatilité de repartir en force sur les marchés financiers, bien que le mouvement de panique ait été temporaire et ne constitue pas un évènement systémique comme la faillite de Lehman Brothers en 2008. Mais cet évènement aura un impact négatif sur l’activité et principalement sur les exportations espagnoles qui devraient progresser de 1% de moins que prévu en 2017.

La réduction des déficits ne sera pas sans conséquences sur la demande domestique
Il faut ajouter à ces risques extérieurs la matérialisation de risques domestiques qui entraînera probablement un ralentissement de la croissance au cours des prochains trimestres. Le déficit des comptes publics reste constant autour de 5% du PIB et les autorités ont été contraintes de revoir leurs objectifs de moyen-long terme. La nouvelle prévision de déficit pour la fin 2016 (4,6% du PIB) est crédible, étant donné les mesures fiscales prises et les prévisions de croissance pour cette année. Or, en cas d’application des mesures annoncées, le niveau des dépenses publiques devra être ajusté en conséquence et constituera un frein à la croissance de la demande domestique. D’autant que la croissance de la consommation et de l’investissement continue de refléter des niveaux difficiles à justifier au regard de la dynamique dévoilée par le niveau de chômage et des salaires. A cet égard, il se pourrait que le rattrapage de la consommation ajournée par la crise soit sur le point de s’achever.

Malgré tout, la reprise se poursuivra, en partie grâce aux mesures expansionnistes mises en œuvre depuis longtemps par la BCE. Etant donné la solvabilité retrouvée du secteur financier espagnol, les mécanismes de transmission de la politique monétaire ne sont pas bloqués, comme c’est le cas dans d’autres pays périphériques de la zone euro. C’est un avantage comparatif pour les entreprises espagnoles qui peuvent accéder au crédit avec des taux d’intérêt bas. De même, le prix du baril restera à des niveaux relativement faibles qui, avec la reprise attendue dans les pays émergents l’an prochain et la hausse de l’investissement, devrait soutenir les exportations malgré le ralentissement de la croissance dans les pays développés. Enfin, les tensions géopolitiques continueront à bénéficier au secteur du tourisme espagnol qui contribuera positivement à la croissance au cours des prochains mois.

https://www.bbva.es

 

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