L’analyse de BBVA Research
Un regain de dynamisme de la région est attendu à partir du 2ème semestre. Mais c’est en 2017 que l’Amérique latine devrait connaître un rebond plus marqué de la conjoncture malgré les difficultés structurelles et des disparités locales fortes.
Après un début d’année difficile, la demande extérieure et domestique semble en voie d’amélioration dans une majorité de pays d’Amérique latine. La diminution des inquiétudes en provenance de Chine a permis aux marchés de retrouver une plus grande sérénité et d’absorber sans difficulté le Brexit ainsi que l’augmentation générale de l’aversion au risque. Il est sûr que nous le devons aussi à la réaction des banques centrales des économies développées et notamment de la Fed, dont le relèvement des taux est très prudent et graduel.
Dans ce contexte, et même si l’activité de la région reste faible, une reprise progressive peut être discernée, particulièrement au cours du 2ème semestre. 2016 sera une année d’ajustement avec un recul de l’activité de 0,9% en Amérique Latine, entraînant la 5ème année consécutive de ralentissement et la 3ème avec une croissance inférieure à la moyenne de l’OCDE, un résultat qui n’avait pas été observé depuis le début de ce siècle. Malgré cela, la seconde moitié de l’année devrait se distinguer par un regain de dynamisme économique, et le ralentissement de la région atteindra son point bas cette année. La croissance devrait s’élever à 1,8% en 2017, toujours en dessous de celle de l’OCDE et du potentiel de la région qui s’approche de 3%. Mais l’année prochaine marquera un tournant. La conjoncture sera soutenue dans l’ensemble par la demande extérieure et l’investissement privé dans des pays comme l’Argentine, le Pérou et la Colombie.
Il y aura bien entendu de grandes disparités dans la région, avec les pays de l’alliance Pacifique - Mexique, Colombie, Pérou et Chili - délivrant une croissance moyenne autour de 2,7% en 2016-17, à comparer avec la récession du Brésil et de l’Argentine cette année. En 2017, le Pérou, l’Argentine, la Colombie et le Paraguay, connaîtront la plus forte croissance.
La situation s’est améliorée sur le front de l’inflation dans la majorité des pays.
Bien que son niveau soit encore au-dessus de l’objectif des banques centrales (à l’exception du Mexique, du Paraguay et du Pérou), celle-ci a chuté au cours des derniers mois en raison d’un effet de change moins défavorable, sauf en Colombie, en Argentine et en Uruguay, encore que pour les deux premiers, l’inflation devrait commencer à baisser dans les prochains mois.
Bien entendu, les dynamiques de l’inflation déterminent largement les réponses des banques centrales d’Amérique latine. En Amérique du Sud, nombre d’entre elles ont opté, au cours des derniers mois, pour un maintien du statu quo alors que l’inflation diminue et que le climat des affaires reste atone. Dans le cas du Chili et du Brésil, nous anticipons une réduction prochaine des taux d’intérêt. À contrario, la Colombie aura besoin de maintenir une politique monétaire restrictive pour quelques mois supplémentaires tandis que l’Argentine et l’Uruguay devront adopter cette politique pour une durée encore plus longue. Le cas du Mexique est encore légèrement différent. La réaction des autorités monétaires à la dépréciation du Peso à la suite du référendum britannique a été rapide afin d’endiguer les pressions inflationnistes. À l’avenir, il est probable que les futures hausses de taux d’intérêt seront même synchronisées avec celles de la FED afin de minimiser les mouvements de volatilité.
Les risques autour de ces évènements de marché continuent d’être privilégiés, bien qu’ils soient maintenant moins forts qu’il y a trois mois. Cette évolution résulte en partie des moindres inquiétudes sur l’économie chinoise (bien qu’elles soient encore significatives) ainsi que du changement dans la politique de la Fed, avec l’adoption d’une approche plus graduelle de son resserrement monétaire. Cependant, nous ne devons pas oublier tous les risques internes auxquels l’Amérique latine doit faire face. Parmi eux, les soubresauts politiques dans de nombreux pays, une confiance en berne et de possibles reports d’investissement dans les infrastructures doivent être pris en compte.
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