Par Paul Jackson, Directeur de la recherche - Source Multi-Asset Research
Le discours de Janet Yellen à Jackson Hole vendredi dernier a nui aux soi-disant actifs refuges, et le Japon a réalisé les pires performances parmi les obligations gouvernementales la semaine dernière. Selon nous, après une progression de 24% depuis le début de l’année, la meilleure option est de solder ses positions.
Cependant, le problème est-il plus sérieux ? Comment un ratio dette gouvernementale sur PIB de 250% peut-il être compatible avec des rendements négatifs à long terme ? L’absence de crise de la dette au Japon aujourd’hui s’explique probablement par le fait que le ratio net dette/PIB est de seulement 128% (tout juste au-dessus de celui de l’Italie) et que les coûts d’intérêt nets sont inférieurs à 0,5% du PIB. De plus, le Japon s’autofinance (sa position extérieure nette est proche de 70% du PIB), ce qui limite la possibilité pour le monde extérieur d’imposer une crise de la dette.
Pour autant, le fardeau d’une dette si élevée présente un défi, surtout compte tenu des mauvaises statistiques démographiques du Japon. La baisse démographique va abaisser la croissance du PIB nominal (qui était en moyenne de zéro durant les 20 dernières années) mais aura aussi l’avantage d’apporter de faibles rendements obligataires (qui vont faire baisser les coûts d’intérêt). Un modèle de dette simple suggère de nombreux scénarios dans lesquels le ratio dette/PIB pourrait excéder 1000% d’ici la fin du siècle. Si les rendements augmentent en réponse à ce scénario, les coûts financiers pourraient devenir un problème.
Pour avoir une chance de stabiliser la dette, le gouvernement doit éliminer le déficit budgétaire primaire (4,8% du PIB en 2015 et une moyenne de près de 6% au cours des 20 dernières années), ce qui apparaît comme un défi de taille considérant le vieillissement de la population. Une amélioration des tendances démographiques pourrait aider, et les autorités ont un champ d’action suffisant sur ce plan : ouvrir leurs portes à l’immigration, encourager une plus forte participation des femmes, utiliser l’argent de la Banque du Japon en récompensant les naissances plutôt qu’en achetant des obligations.
Une crise de la dette au Japon ne semble pas imminente étant donné le statut de créditeur du Japon. Cependant, cela reste une possibilité réelle pour le plus long terme et nous allons surveiller attentivement la balance courante - un pas vers le déficit pourrait être le début de la fin.
Nous ne détenons pas d’obligation gouvernementale japonaise et sommes ravis de nous tenir à cette position. On peut également avoir en tête qu’une crise des obligations gouvernementales japonaises tirerait le yen à la baisse, ce qui pourrait aider les actions japonaises, notamment les exportateurs (sur une base de devise couverte).
Comprendre l'économie durable pour s'y investir