Le livret A et le LDD ont vu leurs encours progresser respectivement de 7 et 14 Mds€ sur le seul mois d'octobre. On n'avait pas vu de telle collecte depuis la « libéralisation » du livret A en janvier 2009. Cette fois-ci, c'est par un mouvement de transfert des livrets non règlementés vers les livrets A/LDD que la collecte s'est opérée tandis qu'on observait depuis deux ans une bascule de l'épargne financière (actions, OPCVM, assurance-vie en UC) vers les livrets fiscalisés.
Ainsi, les encours d'épargne bancaire détenus sur des livrets fiscalisés ont fondu de plus de 12Mds€, l'équivalent de 10 mois de collecte.
Or, les exigences réglementaires à venir, liées à Bâle III, font de l'épargne des ménages une ressource incontournable pour les Banques désireuses de continuer à offrir des financements à leurs clients. Comme l'anticipait le rapport Duquesne, le relèvement du plafond du livret A déstabilise les Banques qui risquent « une perte de ressources liquides au bilan de l'ordre de 20 à 35 Mds€ ». En effet, l'argent récolté par les banques sur les livrets A et LDD est centralisé auprès de la Caisse des Dépôts à hauteur de 65%. Seuls 35% des avoirs collectés restent donc au bilan des Banques.
Les offres très agressives des purs players en ligne et l'apparition d'acteurs issus d'autres industries (Renault, Carrefour...) ont encore renforcé l'intensité concurrentielle sur les placements. Dès lors, certaines Banques amorcent une stratégie de différenciation pour sortir de la « guerre des taux » qui grève leur rentabilité. Le cabinet Ailancy, qui a mené récemment une étude sur l'offre d'épargne, estime que, malgré l'attractivité des livrets réglementés, le renouveau de la gamme constitue un enjeu capital pour les Banques. Celles-ci devront se démarquer par des solutions inventives et personnalisées en proposant de nouveaux bénéfices à leurs clients (partenariats avec de grandes enseignes, points de fidélité...) et sans doute en donnant plus au sens à l'acte d'épargne (épargner pour un projet précis ou pour contribuer au financement du tissu économique local...).