Par Eric Lefèvre-Pontalis, Responsable de la Gestion de la banque privée Degroof Petercam
Sans changer véritablement de configuration depuis le début de l’année, les marchés sont chahutés au gré des flux d’informations politiques
Loin des fondamentaux des entreprises, les sondages sur le Brexit animent espoirs et inquiétudes. Même les négociations en Grèce qui étaient au premier plan l’année dernière n’inquiètent plus grand monde. Certes les nouvelles économiques ne nous conduisent pas à l’euphorie mais elles devraient rester l’indicateur principal des marchés. L’hypothèse d’une sortie du Royaume-Uni de l’UE a été maintes fois chiffrée et commentée sans que l’on puisse se faire une idée précise de son impact réel. Sortie brutale, amicale ou maintien sont les trois principaux scénarios qui ne donnent évidemment pas les mêmes effets. Il reste néanmoins difficile d’en estimer les conséquences réelles sur les marchés même si la sortie conduirait à choc brutal à court terme. Aux Etats-Unis, en tout cas, les membres de la FED estiment que l’influence d’un Brexit serait négligeable sur l’économie américaine et les sages de la banque centrale ne retiennent pas cet évènement dans leurs critères de politique monétaire.
La politique monétaire américaine particulièrement regardée par les investisseurs
L’économie américaine croît à un rythme modéré. Si les principaux indicateurs de confiance ont progressé depuis le début de l’année, la confiance dans l’industrie souffre de l’appréciation du dollar et de la faiblesse des prix du pétrole. En revanche, la confiance dans le secteur des services se maintient à un niveau relativement élevé. Le marché de l’emploi reste bien orienté, en moyenne 200 000 postes ont été créés par mois ces six derniers mois. La croissance réelle de la consommation est de l’ordre de 2%. Les effets de base liés aux prix de l’énergie devraient garantir une hausse de l’inflation « globale » d’ici la fin de l’année. L’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie) - baromètre important pour la FED - augmente également mais son évolution est plus mitigée. Les hausses de salaires (2,5% sur les 6 derniers mois) contribuent à cette progression mais d’autres indicateurs font apparaître une image plus incertaine. La FED doit se préserver des marges de manœuvre pour le futur et une nouvelle hausse des taux de 25bp est probable en juin même si le mouvement
L’alignement des planètes ne profite pas à la zone Euro
La croissance dans la zone euro a été raisonnable au premier trimestre (+2,1% en taux annualisé). Cependant compte-tenu du fameux alignement des planètes (prix de pétrole bas, taux d’intérêts proches de zéro et dollar fort), la reprise économique européenne est loin d’être spectaculaire. L’inflation reste très faible et la BCE devrait rencontrer beaucoup de difficultés à atteindre son objectif de 2%.
Du côté des émergents
L’économie dans les pays émergents reste morose mais la dépréciation des devises devrait se traduire par une amélioration de la compétitivité. La destitution de Dilma Roussef ne va pas résoudre totalement les problèmes du Brésil même si la hausse des matières premières soutient la cote des valeurs minières. Les craintes d’un atterrissage brutal de l’économie chinoise se sont quelque peu dissipées ces dernières semaines et la combinaison de mesures de relance budgétaires et monétaires devrait favoriser à court terme la reprise cyclique.
Compte tenu une activité économique mondiale qui devrait rester faible, nous restons prudents dans nos investissements mais le maintien des marchés dans un « trading-range » nous encourage à profiter des replis pour reprendre quelques positions tactiques.
Comprendre l'économie durable pour s'y investir